Tentons de dresser le tableau schématique de la psyché, telle que décrite par Jung. Disons le tout de suite, il ne s'agit pas d'entrer dans un débat comparatif, notamment avec la vision freudienne de la chose, la nature de ce billet étant d'établir une image concise, au risque d'ailleurs de simplisme. Le lecteur assidu aura compris que ce blog adopte une démarche verticale dans l'approche de la psychologie jungienne...partant des structures "superficielles", pour graduellement s'enfoncer dans les strates de l'inconscient, répondant finalement au qualificatif de profondeur.
Pour commencer, la psyché (ou l'appareil psychique) est constituée par une opposition fondatrice (car, définitivement, source de vie psychique), celle entre la conscience et l'inconscient.
Le sujet est d'une extrême complexité car ce que nous séparerons par commodité de présentation, ainsi que toutes les instances mentionnées, sont en fait interpénétrées, interdépendantes, et en échange continuel...Ainsi, il est finalement très réducteur de les isoler.
Mais comment faire autrement pour que ce soit intelligible ?
La conscience
Elle constitue une "interface double" :
- elle reçoit les informations de l'extérieur,
- elle reçoit les informations provenant de l'inconscient.
Pour mieux comprendre comment sont accueillies les informations dans la conscience (et l'enjeu qui y réside), je vous invite à lire les billets sur les fonctions psychologiques.
Au cœur de la conscience, existe quelque chose de très particulier, produit de l'inconscient (c'est d'ailleurs un "complexe" très singulier mais nous y reviendrons) : le Moi (=l'égo pour faire simple, voir ici).
Au début, il est organisateur de l'expérience consciente.
Au début, il est organisateur de l'expérience consciente.
Puis, il se complexifie. Il devient un ensemble de représentations.
C'est une force unificatrice de la psyché, il se trouve au centre de la personnalité.
Il est également au sein des enjeux de nos sentiments d'identité et de continuité personnelle.
La conscience est essentielle en ce qu'elle est notre seule et unique outil pour vivre toute expérience !
De quelque profondeur de notre être que surgit un contenu, il ne pourra être vécu que par la conscience.
Toute transformation de l'être peut donc être résumée par un enrichissement, un "élargissement" de la conscience.
Dernière remarque, et non la moindre, dans la psychologie de Jung, c'est la conscience qui est non inconscient, et non l'inverse...en d'autre terme, la conscience adviendrait d'un champ lui préexistant.
L'inconscient
Pour simplifier au plus rapide, disons que, dans la psychologie analytique, il existe deux niveaux à l'inconscient, une spécifiquement liée à la singularité de l'individu, dite inconscient personnel, et l'autre, plus profondément nichée, héritage universel de l'Homme, source entre autre des mythes fondateurs de l'humanité, dénommée inconscient collectif (Peut être le terme universel aurait été plus adapté, le collectif étant de nos jours proche de la notion de groupe, de communauté, etc).
L'inconscient personnel
Il est proche de l'image populaire de l'inconscient.
S'y trouvent là le "refoulé", les expériences réprimées, oubliées, etc
Jung est à l'origine d'un test passionnant, le test d'association de mots.
On livre au patient une liste de mots et on lui demande de donner le plus rapidement possible le premier terme que lui évoque chaque mot. On note le temps de réponse, la réponse, les hésitations, signes extérieurs de malaise...certains mots provoquent des "arrêts", des montées émotionnelles brusques (=affects), tout cela hors du champ de conscience du patient qui est étonné et sceptique si on lui mentionne. Ces "nœuds" inconscients, Jung les a appelé complexes.
Ces complexes se conduisent de manière autonome, comme des "personnalités parasites". Attention, les complexes sont des produits naturels et n'ont pas vocation destructive...le Moi dont nous avons parlé est également un complexe et on perçoit vite son intérêt vital.
On livre au patient une liste de mots et on lui demande de donner le plus rapidement possible le premier terme que lui évoque chaque mot. On note le temps de réponse, la réponse, les hésitations, signes extérieurs de malaise...certains mots provoquent des "arrêts", des montées émotionnelles brusques (=affects), tout cela hors du champ de conscience du patient qui est étonné et sceptique si on lui mentionne. Ces "nœuds" inconscients, Jung les a appelé complexes.
Ces complexes se conduisent de manière autonome, comme des "personnalités parasites". Attention, les complexes sont des produits naturels et n'ont pas vocation destructive...le Moi dont nous avons parlé est également un complexe et on perçoit vite son intérêt vital.
En se "construisant", le Moi va laisser de côté ce qu'il juge inadapté, inacceptable...ce qui, naturellement, va conduire à la "genèse" d'un autre complexe, finalement compensatoire, très important dans la psychologie analytique, l'Ombre (voir ici).
Dans la culture populaire, c'est notre "mauvaise moitié", notre "Dark Vador" personnel...et pourtant nous verrons que c'est aussi le terreau de tout développement futur.
Dans la culture populaire, c'est notre "mauvaise moitié", notre "Dark Vador" personnel...et pourtant nous verrons que c'est aussi le terreau de tout développement futur.
L'inconscient collectif
C'est comme l'immense réservoir des processus du monde, ancrés dans notre cerveau; il constitue dans sa totalité une espèce d'image du monde atemporelle et éternelle qui fait contrepoids à notre vue actuelle contemporaine et consciente du monde.
Il s'agit des traces d'expériences communes de l'espèce, répétées pendant des millénaires par des centaines générations de personnes.
Il s'agit des traces d'expériences communes de l'espèce, répétées pendant des millénaires par des centaines générations de personnes.
Nous avons vu l'existence des complexes dans l'inconscient personnel, on peut trouver leur équivalent dans l'inconscient collectif avec une très grande différence d'échelle dans leur "intensité".
L'inconscient collectif comprend un nombre illimité d'images. Les images primordiales sont les archétypes (voir ici). Ils renferment tous un thème universel et produisent des manifestations, perçues sous forme symbolique ou mythologique.
L'inconscient collectif comprend un nombre illimité d'images. Les images primordiales sont les archétypes (voir ici). Ils renferment tous un thème universel et produisent des manifestations, perçues sous forme symbolique ou mythologique.
L'image commune définissant l'archétype est celle de la structure cristalline, toujours identique pour un cristal donné, qui va finalement donner une infinité de cristaux de forme et de couleur différentes.
Ces archétypes sont puissants, source de vie mais aussi potentiellement de mort psychique (ils peuvent balayer le Moi et engendrer, à l'extrême, la dissociation psychotique).
Il mobilise tant d'énergie psychique (la « libido » chez Jung, voir ici) qu'il exerce, comme les planètes dans l'espace gravitationnel compare Jung, une force d'attraction qui peut influencer durablement, voire de manière définitive, le Moi.
Il mobilise tant d'énergie psychique (la « libido » chez Jung, voir ici) qu'il exerce, comme les planètes dans l'espace gravitationnel compare Jung, une force d'attraction qui peut influencer durablement, voire de manière définitive, le Moi.
Les archétypes principaux :
- Anima et Animus : très succinctement, l'archétype féminin et l'archétype masculin.
- Ombre : complexe fort, niché dans l'inconscient personnel mais présent chez tous les hommes et donc formellement archétype.
- Personna : c'est le masque social que chacun construit, comme compromis entre soi et la société.
- le Soi : le "roi" des archétypes. Archétype de la totalité, réunissant les opposés et donc, par là même, la conscience à l'inconscient. La religiosité humaine serait une expression de cet archétype.
Sommaire "Archétype" étudié (Cliquer pour y parvenir)
2 - La persona
4 - L'Anima
6 - L'ombre
7 - Le Soi
4 commentaires:
Toujours aussi clair et didactique. Merci;
Jung décrivait-t-il des différences notables entre le "moi" et "l'ego" ?
Antiochus
Bonjour Antiochus,
Délicate question. De nos jours, la majorité ne se la pose tout simplement pas. De fait, on peut considérer l’ego comme équivalent au Moi. Cependant, Jung ne parle pas (ou pas dans ce que j'ai lu) d’ego mais de Moi, notamment dans le livre de vulgarisation "Dialectique du moi et de l'inconscient".
De nos jours, l’ego a une connotation teintée de dépréciation, de nombrilisme et d'individualisme, image inadaptée ou incomplète du Moi. En synthèse, on pourrait dire que l'ego est un aspect commun du Moi mais incomplet (compensatoire face à l'inconscient et non "intégrative", je sais pas si c'est parlant pour vous)...ça n'est que mon avis.
Bonne soirée
C'est tout à fait parlant ... merci de votre réponse, Jean, l'ego comme image incomplète du "moi" ...
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