mercredi 22 juin 2011

Sur les fondements de la psychologie analytique - Jung

Les conférences Tavistock 

Voici donc le dernier ouvrage paru de la collection des oeuvres inédites de Jung aux éditions Albin Michel, , sous la direction de Michel Cazenave. Entre les 30 septembre et le 04 octobre 1935, Jung donna 5 conférences  à Londres, devant un auditoire de la profession médicale (beaucoup n'étaient pas familiers de la psychologie). A sa demande, des passages de ces conférences seront repris et intégrés dans la première édition de "L'homme à la découverte de son âme" (voir ici ). 
Sommaire de l'ouvrage
Page 1-9 :         Note de l'édition anglais e de 1977
Page 11-12 :     Note liminaire de l'édition originale
Page 13-54 :     Première conférence (les fonctions psychologiques et leur dynamique)
Page 55-102 :   Deuxième conférence (inconscient collectif, les complexes)
Page 103-146 : Troisième conférence (le test d'association, analyse des rêves)
Page 147-191 : Quatrième conférence (images archétypiques, analyse de rêve)
Page 192-255 : Cinquième conférence (le transfert, analyse de rêve)

Avis personnel
Ces conférences auprès d'un public non spécialiste ont une tonalité très didactique et présentent une grande facilité d'accès qui rendent la lecteur aisée et agréable. L'inconvénient logique est que les concepts ne sont pas réellement approfondis. Aucune frustration pour ma part, même sur une présentation générale, j'arrive à découvrir encore et toujours des précisions pour affiner mes connaissances (par exemple, le développement de la notion de facteur endopsychique que j'ai traité ici ). 
J'ai tout particulièrement apprécié les échanges entre Jung et le public après chaque conférence. Le public averti pose des questions pour la plupart très pertinentes. Ceux qui semblent manifestement familiarisés à la psychanalyse ont souvent une sensibilité freudienne (et pour cause à l'époque, guère le choix) qui permet une confrontation saine et dépassionnée avec l'approche jungienne.
Encore une fois, un ouvrage de qualité que je conseille en particulier à ceux qui veulent découvrir la psychologie analytique de manière vivante.

Petits extraits
"...Aussi j'appréhende le rêve comme s'il s'agissait d'un texte que je ne comprends pas bien, disons un texte latin, grec ou sanskrit, où certains mots me sont incon­nus, ou dont le texte est fragmentaire. J'ai alors tout simplement recours à la méthode courante qu'un philologue appliquerait dans un tel cas. Mon idée est que le rêve ne cache rien; simplement nous ne com­prenons pas son langage...Aucun philo­logue ne penserait jamais qu'un texte sanskrit ou une inscription cunéiforme dissimule quoi que ce soit. À ce sujet, un très sage dicton talmudique dit que le rêve est sa propre interprétation. Le rêve est la chose dans son entier, si l'on pense qu'il y a quelque chose derrière ou que le rêve masque certains éléments, c'est tout simple­ment qu'on n'y a rien compris..."

"...Nos défauts, nos bévues et nos erreurs nous sont nécessaires, sans quoi nous serions dépossé­dés de nos plus précieuses motivations à progresser. Si un patient part parce qu'il a entendu quelque chose qui aurait pu le faire changer d'opinion sans y accor­der d'attention, je ne le retiens pas. Vous pouvez m'ac­cuser de manquer de charité, mais cela m'est égal. Je suis du côté de la nature. Le vieux Livre chinois de la sagesse dit: «Le Maître ne se prononce qu'une fois.» Il ne court pas après les gens, cela ne sert à rien. Ceux qui sont destinés à entendre comprendront, ceux qui ne sont pas destinés à comprendre n'entendront pas..."

"...Lors de ces événements collectifs, nous voyons tout simplement à travers un verre grossissant ce qui peut aussi se produire à l'échelle de l'individu. C'est préci­sément dans de tels moments de panique que les élé­ments psychiques compensatoires entrent en action. Ce phénomène n'est absolument pas anormal. Il peut paraître étrange que cela s'exprime sous une forme politique. Mais l'inconscient collectif est un facteur très irrationnel, et notre conscience rationnelle ne peut pas lui dicter la manière dont il doit nous apparaître...Car l'inconscient collectif est une fonction qui est en acti­vité constante, et l'on doit toujours rester en contact avec lui. Notre santé psychique et spirituelle dépend de la coopération des images impersonnelles. C'est ce qui explique qu'il y ait toujours eu des religions..."

dimanche 19 juin 2011

J'aimerais savoir pourquoi...



A plusieurs reprises ces derniers mois, une réflexion m'est venue en regardant la télé. Lors d'un journal, une nouvelle terrible mentionnée des meurtres atroces perpétrés par un déséquilibré, finalement retrouvé, jugé, estimé irresponsable et enfermé dans un hôpital psychiatrique. Plus tard, un documentaire retraçait le parcours et l'enquêté autour d'un meurtrier américain, qui découpait ses victimes en conservant certains morceaux chez lui. Dans ces deux les cas (les plus récents, d'autres pourraient être cités), le journaliste et le policier enquêteur faisaient part de la même perplexité et soulevaient cette question ultime : "Mais pourquoi ?"



N'est il pas évident, avec un peu de recul, de reconnaître que ces meurtriers sont fous ? ou, pour être plus précis, qu'ils n'ont aucune conscience de la nature abominable de leurs actes ? En se demandant "pourquoi", nous leur attribuons nos valeurs de conscience, de jugement, de moral mais justifier des actes aussi extrêmes par la raison commune est tout simplement impossible...un individu dont l'équilibre mental n'est pas perturbé ne peut agir de la sorte, seule une grave dissociation psychique peut parfois y aboutir et, dans ce cas, la réponse repose dans un autre monde que "le notre". Mais qu'il est difficile de l'accepter, d'avouer vaincu notre monde que nous croyons si solide. 
Je fus troublé devant l'image de cet enquêteur, au bord des larmes, expliquant que la seule chose qu'il souhaiterait, c'est savoir pourquoi ces atrocités. Pourtant il avait vu l'appartement du meurtrier, les dessins délirants aux murs, les trois télés alignés avec le canapé en face, les cassettes pornographiques rangées en triangle sur la table basse tel un autel à sa folie...mais il semblait l'ignorer en raisonnant selon ses propres références. 

L'altérité est une notion délicate et pourtant essentielle. Nous répondons tous à notre propre subjectivité en ignorant que chacun a la sienne propre. Reconnaître la nature de ce qui est autre peut changer la vision du monde. En fait, cela oblige à un sacrifice qui peut sembler injuste...la démarche conduit à une plus grande clarté sur soi-même, les autres, donc ce sacrifice est nécessaire. Contrairement à ce que j'ai lu parfois, je suis convaincu que cela ne conduit pas vers une prise de distance des choses (on ne relative pas les meurtres atroces qui resteront atroces) mais au contraire vers une plus grande lucidité qui réattribue leur véritable valeur aux objets (déconstruisant les projections) en épurant sa propre identité d'illusions diverses.
Voici des extraits de Jung,  :
"...On se rend compte, on est même intimement persuadé que, si tous les hommes se livraient à cet examen de conscience, la vie aurait des chances de devenir un peu plus supportable, ce qui n'empêche pas d'éprouver - tout de bon - une aversion violente à s'y soumettre soi-même. Si les autres le faisaient, quel soulagement! ..."
"...Si vous parvenez à quelque chose grâce à la psychologie, c'est bien à une conscience plus vaste. Et il ne s'agit pas, alors, d'en faire mauvais usage et de tirer des conclusions mégalomanes : on est coupable de tout ou même on porte le péché du monde. Nous ne sommes pas des dieux, nous sommes juste et encore trop inconscients. Nous ne sommes qu'au début d'une vraie conscience. Il ne devrait donc plus exister de cas où des personnes qui sont censées savoir cela ne veulent pas en tenir compte ni réfléchir parce qu'elles sont stupidement naïves ou paresseuses..."

samedi 18 juin 2011

Arvo Pärt - La quête de la perfection

Compositeur estonien de 75 ans, Pärt est ce type de personne dont l'oeuvre ne peut laisser indifférent, on adore ou on y est réfractaire...qualifié d'initiateur du mouvement minimaliste, je n'aime pourtant pas ranger dans des catégories, encore moins les artistes. Je crois que ce qui transparaît dans sa musique est son caractère quasi sacré..."Je pourrais comparer ma musique à une lumière blanche dans laquelle sont contenues toutes les lumières. Seul un prisme peut dissocier ces couleurs et les rendre visibles : ce prisme pourrait être l'esprit de l'auditeur" Pärt
Communément, on découpe la vie de l'artiste en 3 périodes...la maturation est perceptible pour n'importe quelle oreille.

Musique sérielle (1956-1968) : composition basée sur des séries de notes préétablies, en dehors du respect habituel de tonalité
Solfeggio (1964)

Période transitoire (1969-1972)
Symphonie n°3 (1971)

Période tintannabulum (1973-2010)  Pour faire simple, l'instrument se promène parmi 3 notes principales, dans l'accord parfait d'une gamme...on ressent les mouvements cycliques et les changements subtils dans la partition, rendant la musique envoûtante, aspirante. Le deuxième extrait, issu de l’album Tabula Rasa, me permit de découvrir l'artiste.
Fur Alina (1976)

Ludus (1977)

De profundis (1980)

Magnificat (1989)

Fur Alina (1999)

Da pacem domine (2002)