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jeudi 3 août 2023

Livre Rouge - Son contenu

Un article rédigé de nombreuses années en arrière pour le blog d'une ami...elle m'avait demandé une synthèse, autant que possible, du contenu du Livre Rouge, exercice périlleux et que le lecteur me pardonne les éventuelles malentendus mais un contenu si singulier ne peut s'entendre que subjectivement...

Livre rouge : contenu

Ayant succinctement parcouru les écrits de l’ouvrage, tu m’avais demandé durant ta récente convalescence, mon ressenti. Je suis bien loin d’avoir tout appréhendé et je ne pense pas que j’en ai jamais l’ambition. Je dois t’avouer qu’un constat pointe : ce livre peut être abordé de deux façons radicalement différentes.

Comme nous l’avons fait tous les deux au début, se contenter de l’ouvrir, admirer, laisser venir et parler les forces symboliques des dessins, de la texture du papier, des lettres gothiques…et se les attribuer. Ou alors, se plonger dans l’écrit, activer la fonction pensée et tenter de comprendre la plongée dans l’âme de Jung…qui est alors seul maître à bord.

Use le plus longuement possible de l’esprit de découverte avant de passer à un approfondissement…j’ai peur que la marche arrière ne soit pas possible.

Liber primus

Ce qui m’a frappé de prime abord, c’est le fantôme apparent d’une première version. En effet, Jung avait entamé le travail de mise en forme de ses cahiers noirs sur un premier ouvrage dont les dimensions ne convenaient pas…et soigneusement, il a collé chaque page sur la mouture finale, comme un symbole de ces éternels retours en arrière sur le chemin de l’individuation.

Je n’ai pas pu m’empêcher de voir Carl, regard concentré, langue sortie, appliqué à faire ses collages (je sais, j’adore les clichés).

La vision prophétique de « la marée terrifiante », augurant l’arrivée future de la première guerre mondiale m’a particulièrement touché. J’avais alors le sentiment de découvrir l’âme élevée de Jung, sensible à une « infection psychique » par l’inconscient collectif.

Au cours de ma première lecture, le couple mystérieux Elie et Salomé a résonné au fond de moi...m’interpelant, me questionnant et le rôle de Salomé, femme séductrice et aveugle m’intriguait particulièrement. Et pour cause, c’est l’expression de l’anima qui ne peut que résonner en chaque homme. Cette figure mystérieuse bouscule Jung, le pousse à l’expérience du non mental…exercice totalement à contre nature pour lui et qui le force à aller vers sa souffrance.

Liber secundus

Voici l’heure d’Izdubar, colossal et puissant (saisissant est le mot parfaitement adapté)…mais anéanti par le poison du mental si ancré chez Jung ; la raison tue le numinosum. Le géant divin est alors réduit à l’état d’un œuf que Jung garde sur lui, croyant le contrôler. Le contrôler car il ne peut pas s’en passer, il l’aime ! (Je crois que des enjeux énormes sont placés dans cet œuf et je creuserai probablement la question dans les prochains mois)

Même à l’état embryonnaire, sa force submerge Jung qui doit lui redonner vie…mais personne ne peut donner naissance à un Dieu. Carl passera à cette période, comme le raconte, très près de la folie.

Philémon arrive alors, comme pour le sauver. 
Jung en parle ainsi : « …la fusion du sens et du non-sens, qui produit la signification suprême… ». C’est une image du Soi, du Dieu en lui. Naturellement, Jung va passer par une phase de fusion très déroutante pour le lecteur où il écrit comme étant représentant de Dieu…finalement, il va donner « corps » à ce vieux sage, à travers la réalisation d’un superbe dessin détaillé. 

Ce travail va lui permettre de l’objectiver et donc de s’en différencier.

Salomé réapparait, guérie et souhaitant de nouveau lui imposait sa présence, Jung refuse, poussé par une peur viscérale….combien j’ai été troublé de lire Jung, de fonction psychologie dominante « pensée » tellement effrayé par son anima, porteuse du sentiment (à l’opposé de la pensée). Ces puissances vitales sont bien capables de ramener un brillant chercheur à l’état de petit enfant !

Epreuves

Cette partie n’existe pas dans la version originale du Livre Rouge original mais a été insérée par l’éditeur, ce qui me semble cohérent.

Je retiendrais deux choses : Le fameux Sermon aux morts où Jung, pour reprendre ses propres mots, « a découvert les couches pré-personnelles en lui, formant une sorte de prélude à ce qu’il avait à communiquer au monde sur l’inconscient » et puis cette phrase « Par l’union avec le soi, nous atteignons le Dieu »…pas Dieu, ni un Dieu mais LE Dieu.

 Si je devais résumer ma perception du Livre rouge, je parlerai d’un chemin de souffrance et d’amour purifié.

dimanche 29 janvier 2023

Livre Rouge - Visite au musée Guimet (novembre 2011)

 

Cette visite réalisait un constat déjà établi : le Livre Rouge fut le produit d'une vie, la cristallisation de décennies de travaux, recherches, confrontations intérieures...et durant toute cette période, Jung a produit des peintures, des dessins, des textes.
Toutes ces "merveilles", au graphisme si particulier, remplissaient un rôle d'ébauche pour le maître Livre...mais les travaux d'ébauche ne sont ils pas les plus essentiels ?
La découverte, des plus émouvantes, des manuscrits, en particulier les fameux cahiers noirs, ouverts lors de la visite, sur un texte daté de novembre 1913, 98 ans plus tôt, plonge le visiteur dans un état entre contemplation et fascination.

Le "jeune" Jung 

(avant la rédaction du Livre Rouge)


Carte d'étudiant française avec la mauvaise orthographe du nom

Aquarelle de 1903, présentant une esquif prise dans la tourmente des vagues. Jung était passionné de navigation mais cette coquille de noix dans la tempête ne symbolise t'elle pas merveilleusement ce qui l'attendait intérieurement quelques années plus tard ?

La rédaction du Livre Rouge


Cahier noir, extrait de 1913



Brouillon d'une lettrine et de l'un des mandalas. Ces brouillons sont touchants car on y lit l'implication et l'application extrêmes de Jung, en particulier ces essais multiples autour du mandala révèlent le travail intérieur et subjectif en jeu.

Le Livre rouge







Les couleurs sont chatoyantes et, comme on me l'avait dit, beaucoup plus marquées et marquantes que dans la reproduction en vente. On voit ici par exemple les dorures de la lettrine.

Ce qui n'est pas dans le Livre


1917 - Représentation de divinités "chtoniennes"

Peinture de 1923 - Philémon apparaît en haut à droite

1919 - L'enfant divin, le même que l'on retrouve page 113 du Livre Rouge. Travail plus soigneux et travaillé, preuve peut être de l'importance que jouait ce personnage à ce moment de la vie de Jung


Sculptures, dont on retrouvera la représentation dans le Livre

Voici le tour rapide de l'exposition, malheureusement, les meilleurs clichés du monde (ce qui est très loin d'être le cas ici) ne pourront jamais témoigner des émotions ressenties...et qu'elles furent intenses et variées durant cette visite.

mercredi 27 janvier 2021

Les Cahiers Noirs de Jung


Premier cahier noir de 1913 - Musée Guimet 2011

Octobre 2009, la Foundation of the Works of C.G. Jung, sous la direction de Sonu Shamdasani stupéfiait la communauté des "amis de Jung" en éditant le Livre Rouge.

Octobre 2020, la même équipe nous offre encore une superbe découverte par l'édition en facsimilé des cahiers noirs de Jung.

Anglais pour le moment

Pas d'annonce d'autres traductions, notamment française, à ce jour, mais si on se fie au succès du Livre rouge poussant à la version française, on est en droit d'imaginer des cahiers noirs dans la langue de Molière d'ici un an ou deux.

Nature des cahiers


Comme nous l'avions évoqué lors de billet sur le Livre Rouge, une partie importante du contenu de ces cahiers ont servi pour la rédaction, les faisant qualifier un peu rapidement de "brouillons du Livre Rouge". 

Au moment de la rupture déclarée et "officielle" avec Freud, en novembre 1913, Jung reprend son Cahier Noir, qui en fait est un cahier en cuir marron, dans lequel bien des années avant il avait l’habitude de noter ses rêves mais qu’il avait mis de côté en 1902 au moment de ses fiançailles avec Emma. Il reprend alors le dernier Cahier et commence par noter ses pensées, ses images, ou bien ses états d’esprit sous forme de métaphores. Il écrit aussi ses rêves et il essaie de les analyser.

3 ans plus tard, en 1916, il commencera à rédiger son Livre Rouge, y apportant dessins, symboles, calligraphie.

Pour autant, il n'abandonna pas ses cahiers noirs et en remplit plusieurs au fil des décennies (du 12 novembre 1912 jusqu'au 15 décembre 1932).


Présentation sur l'Espace Francophone Jungien

En attendant un billet plus fourni une fois la lecture avancée, vous trouverez sur ce lien une présentation un peu plus complète de l'édition.

 

 

mercredi 14 novembre 2012

Mandala de Jung - Systema Mundi Totius

Système du monde entier
 «C’est le premier mandala que j’ai réalisé, en 1916,complètement inconscient de ce qu’il signifiait.»

Ce mandala, précurseur de la série qui allait illustrer le cheminement intérieur de Carl Jung, a été conçu lors de l'inspiration qui a abouti au fameux Sept sermons aux morts, écrits dont il y aurait tellement à dire, tant sur son profond décalage avec le reste de son œuvre que sur les révélations personnelles exprimées qui ont guidées le psychologue toute sa vie durant.
 
La première publication de cette figure, anonyme à cette occasion, date de 1955 (Jung avait alors tout juste 80 ans). 
Le commentaire de la figure était fourni par l'auteur lui-même.

Nous avons ajouté en astérisque quelques annotations complémentaires.

«Il représente le paradoxe que constitue un microcosme à l’intérieur d’un macrocosme, et ce qui les oppose. Tout en haut, on peut voir la figure du jeune garçon dans l’œuf ailé; appelé Erikèpaios ou Phanès, en tant que créature spirituelle, il rappelle des dieux orphiques*. Sa sombre figure antithétique dans les profondeurs des Enfers est ici désignée comme Abraxas. 
Représentant le «dominus mundi», maître du monde physique, c’est un créateur de nature ambivalente. De son corps jaillit l’arbre de vie portant l’inscription «vita» (la vie) auquel fait pendant, dans la partie supérieure, un arbre lumineux ayant la forme d’un candélabre à sept branches et désigné par les mots «ignis» (le feu) et «Eros» (l’amour). 
Sa lumière est dirigée vers le monde spirituel de l’Enfant divin. 

L’art et la science appartiennent également à ce royaume spirituel, l’art étant représenté sous la forme d’un serpent ailé et la science sous celle d’une souris, elle aussi ailée (symbole d’une activité qui creuse des trous!). – Le candélabre est basé sur le principe du trois**, chiffre sacré (deux fois trois flammes et une grande flamme au centre), tandis que le monde inférieur d’Abraxas est caractérisé par le chiffre symbolisant l’Homme naturel, le cinq*** (son étoile comptant deux fois cinq branches). 

Les animaux accompagnant le monde naturel sont un monstre diabolique et une larve. Cette dernière symbolise la mort et la renaissance. 

Le mandala est également divisé à l’horizontale. Sur la gauche, d’une sphère interne symbolisant le corps ou le sang, surgit un serpent qui s’enroule autour du phallus, en tant que principe générateur****. 
Le serpent, sombre et lumineux, fait allusion au royaume ténébreux de la Terre, de la Lune, et du Vide (et est, par conséquent, appelé Satan). 

Le resplendissant royaume de la plénitude se trouve sur la droite, là où la colombe du Saint-Esprit s’envole du cercle lumineux «frigus sive amor dei» [froid, ou l’amour de Dieu] tandis que la sagesse (Sophia) se déverse sur la gauche et sur la droite d’un double calice – Cette sphère féminine est celle du Ciel. – La sphère la plus grande, caractérisée par des lignes en zigzag ou rayons, représente un soleil intérieur; dans cette sphère, le macrocosme est encore une fois reproduit – le haut et le bas étant toutefois inversés, 
comme dans un miroir. 

Ce macrocosme se répète à l’infini, son image devenant toujours plus petite, jusqu’à ce que le centre le plus intime – le microcosme proprement dit – soit atteint.»

*L'orphisme est un mouvement religieux de la Grèce antique, aux courant multiples et complexes, dont la croyance fondatrice est la double origine de l'homme (divine et des Titans, créatures puissantes, "telluriques")
**Le trois est associé au principe, l'unité sortant d'une dynamique (les opposés 2 et le troisième terme 1)
***Voir l'homme de Vitruve de De Vinci

lundi 17 septembre 2012

Livre rouge - Le texte en format poche !



Nous découvrons cette édition (Les Arènes) qui doit probablement exister depuis quelque temps...il s'agit du format poche de l'énorme opus jungien, qui contient le texte de la version complète. 
La consultation de ce "petit" ouvrage (650 pages tout de même) ne contenant que le texte, ne pourra pas procurer l'effet de saisissement inévitable face aux dessins fascinants, ces couleurs éclatantes, le grain particulier de la feuille et le format hors norme, de l'original...mais pour qui veut plonger dans l'intimité la plus extrême (et brutale) du père de la psychologie des profondeurs, c'est une aubaine à moins de 30 euros (au lieu de 200 pour l'original).
Accessible dans toute bonne libraire, virtuelle ou non, l'information est transmise.

Février 2013 : A cette heure, la majorité des exemplaires de la première édition est épuisée...et les spéculations font envoler les prix, gageons qu'une deuxième édition va arriver rapidement.


Le Livre Rouge

samedi 8 septembre 2012

Livre rouge - Le contenu



Septembre, mois de toutes les reprises, voici donc la période propice pour mobiliser les énergies...
Afin d'assurer la transition vers de nouvelles lignes en cours de préparation, nous vous proposons un petit travail exposé sur le blog de notre amie Ariaga ( Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie ). 
 
Exercice périlleux, nous tentons d'introduire et synthétiser le contenu de l’œuvre d'une vie intérieure, espérant apporter quelques pistes "aux chercheurs de psyché".


Photo Ariaga, p. 119 du Livre Rouge de C.G.JUNG
Chère Ariaga,

Ayant succinctement parcouru les écrits de l’ouvrage, tu m’avais demandé, durant ta récente convalescence, mon ressenti. Je suis bien loin d’avoir tout appréhendé et je ne pense pas en avoir jamais l’ambition.

Je dois t’avouer qu’un constat s'impose : ce livre peut être abordé de deux façons, radicalement différentes
Comme nous l’avons fait tous les deux au début, se contenter de l’ouvrir, admirer, laisser venir et parler les forces symboliques des dessins, de la texture du papier, des lettres gothiques ... et se les attribuer. Ou alors, se plonger dans l’écrit, activer la fonction pensée et tenter de comprendre la plongée dans l’âme de Jung … qui devient alors seul maître à bord.
Use, amie Ariaga, le plus longuement possible de l’esprit de découverte avant de passer à un approfondissement car j’ai peur que la marche arrière ne soit pas possible.

 

 

 Liber primus

Ce qui m’a frappé de prime abord, c’est le fantôme apparent d’une première version. En effet, Jung avait entamé le travail de mise en forme de ses cahiers noirs sur un premier ouvrage dont les dimensions ne convenaient pas…et, soigneusement, il a découpé puis collé chaque page sur la mouture finale, comme un symbole de ces éternels retours en arrière sur le chemin de l’individuation, de ce jeu de composition qui, parfois, s'impose pour que les fragments retrouvent une unité.

Je n’ai pas pu m’empêcher de " voir " Carl, regard concentré, langue sortie, appliqué à faire ses collages (je sais, j’adore les clichés).
La vision prophétique de « la marée terrifiante », augurant l’arrivée future de la première guerre mondiale m’a particulièrement touchée. J’avais alors le sentiment de découvrir l’âme élevée de Jung, sensible à une « infection psychique » de l’inconscient collectif.
Au cours de ma première lecture, le couple mystérieux Elie et Salomé a résonné au fond de moi...m’interpelant, me questionnant et le rôle de Salomé, femme séductrice et aveugle m’intriguait particulièrement. 
Et pour cause, c’est l’expression de l’anima qui ne peut que résonner en chaque homme. Cette figure mystérieuse bouscule Jung, le pousse à l'expérience du non mental...exercice totalement contre nature pour lui et qui le force à aller vers sa souffrance la plus intime.

Liber secundus

Voici l’heure d’Izdubar, colossal et puissant (saisissant est le mot parfaitement adapté) … mais anéanti par le poison du mental si ancré chez Jung ; la raison tue le numinosum
Le géant divin est alors réduit à l’état d’un œuf que Jung garde sur lui, croyant le contrôler. Le contrôler car il ne peut pas s’en passer, il l’aime ! (Je crois que des enjeux essentiels sont placés dans cet œuf et je creuserai probablement la question dans les prochains mois)
Même à l’état embryonnaire, sa force submerge Jung qui doit lui redonner vie…mais personne ne peut donner naissance à un Dieu. Carl passera à cette période, comme il le raconte dans Ma vie, très près de la folie.

Philémon arrive alors, comme pour le sauver. 
Jung en parle ainsi : « …la fusion du sens et du non-sens, qui produit la signification suprême… ».
C’est une image du Soi, du Dieu en lui.
Naturellement, Jung va passer par une phase de fusion très déroutante pour le lecteur où il écrit comme étant représentant de Dieu...d'un dieu intérieur, à n'en pas douter.
Finalement, il va donner " corps " à ce vieux sage à travers la réalisation d'un superbe dessin détaillé. 
Ce travail va lui permettre de l'objectiver et ainsi de s'en différencier.

Salomé réapparait, guérie et souhaitant de nouveau lui imposer sa présence. 
Jung refuse, poussé par une peur viscérale ... combien j’ai été troublé de lire ce Jung, porté par une fonction dominante "pensée" tellement effrayé par son anima, porteuse du "sentiment".
Ces puissances vitales sont bien capables de ramener un brillant chercheur à l’état de petit enfant !

Épreuves

Cette partie n'existe pas dans la version du Livre Rouge original mais a été insérée par l’éditeur ce qui me semble cohérent.
Je retiendrais deux choses : Le fameux Sermon aux morts où Jung, pour reprendre ses propres mots, « a découvert les couches pré-personnelles en lui, formant une sorte de prélude à ce qu’il avait à communiquer au monde sur l’inconscient » 
et puis cette phrase
« Par l’union avec le soi, nous atteignons le Dieu » … pas Dieu, ni un Dieu mais LE Dieu.

Si je devais, amie, résumer ma perception du Livre rouge, je parlerais d’un chemin de souffrance et d’amour purifié.


Le Livre Rouge



dimanche 25 septembre 2011

Livre rouge - Autre détail : le basilic



                                                                                                      
Ce petit détail à gauche est en fait issu de la première lettrine (grande majuscule agrémentée de riches dessins) du Liber Primus.
Qu'il est fascinant de contempler ce reptile surprenant, qui ne peut qu'évoquer le terrible basilic, surgissant de la marmite en feu (et non sur le feu) au milieu de la mer.
Deux poissons semblant fuir la marmite, à gauche et à droite...ou s'ils provenaient de cette dernière ?
La marmite a un petit motif que l'on arrive pas bien à identifier. L'ensemble du dessin semble de facture médiocre mais n'oublions pas que le Liber Primus est issu d'une première tentative de Jung et chaque page fut découpée puis consciencieusement collée sur le Liber novus final, ce collage est d'ailleurs clairement visible.
L'athanor, source de feu sacré, combiné à l'eau de la mer profonde, donnant naissance au serpent couronné volant, aux poissons nichés au fond de l'eau...quelle ampleur symbolique ! Oui Carl, prends garde, toi qui conjugue les opposés, le basilic légendaire pourrait aisément s'envoler pour te brûler la vue.

Le dialogue est ouvert...





Le Livre Rouge

vendredi 19 août 2011

Le livre rouge - Extrait


"La voie de l’à-venir
Si je parle dans l’esprit de ce temps, il me faut dire : Rien ni personne ne peut justifier ce qu’il me faut vous annoncer. Me justifier est superflu, car je n’ai pas le choix, il le faut. J’ai appris qu’outre l’esprit de ce temps, un autre esprit est à l’œuvre, celui qui règne sur les profondeurs de tout ce qui fait partie du présent.L’esprit de ce temps veut entendre parler d’utilité et de valeur. Je le pensais moi aussi et ce qui est humain en moi le pense encore. Mais cet autre esprit m’oblige néanmoins à parler, par-delà toute justification, toute utilité et tout sens.Empli de fierté humaine et aveuglé par l’esprit présomptueux de ce temps, j’ai longtemps cherché à tenir cet autre esprit à distance. Mais je n’ai pas pris en compte que l’esprit des profondeurs fut de tout temps et sera pour tous les temps plus puissant que l’esprit de ce temps qui change au fil des générations.
L’esprit des profondeurs a soumis toute la fierté et tout l’orgueil du discernement. Il m’a ôté la foi en la science, il m’a privé de la joie d’expliquer et de classifier, et il a fait s’éteindre en moi l’enthousiasme pour les idéaux de ce temps. Il m’a contraint à descendre vers les choses ultimes et les plus simples. 
L’esprit des profondeurs s’est emparé de mon entendement et de toutes mes connaissances, et les a mis au service de ce qui est inexplicable et qui va à l’encontre du sens. Il m’a privé de la parole et de l’écriture pour tout ce qui n’était pas au service de cette seule chose, cette fusion du sens et du contre-sens qui produit le sur-sens.

Mais le sur-sens est la voie, le chemin et le pont vers l’à-venir.
C’est le Dieu à venir. Ce n’est pas le Dieu à venir lui-même, mais son image, qui apparaît dans le sur-sens. Dieu est une image et ceux qui l’adorent doivent l’adorer dans l’image du sur-sens. Le sur-sens n’est pas sens, pas plus qu’il n’est contre-sens, il est à la fois image et force, magnificence et force réunies.
Le sur-sens est commencement et but. Il est le pont du passage et de l’accomplissement. Les autres dieux sont morts de leur temporalité, mais le sur-sens ne meurt pas, il se transforme en sens puis en contre-sens, et du feu et du sang de la collision des deux s’élève à nouveau, rajeuni, le sur-sens.
L’image de Dieu a une ombre. Le sur-sens est réel et projette une ombre. Car qu’est-ce qui pourrait être réel et physique sans posséder une ombre ? L’ombre est le non-sens. Elle est sans force et n’existe pas par elle-même. Mais le non sens est le frère inséparable et immortel du sur-sens. Les humains grandissent comme les plantes, les uns à la lumière, les autres à l’ombre. Nombreux sont ceux qui ont besoin de l’ombre et pas de la lumière.L’image de Dieu projette une ombre qui est aussi grande qu’elle-même. Le sur-sens est grand et petit, il est aussi étendu que l’espace du ciel étoilé et aussi étroit que la cellule du corps vivant."

Le Livre Rouge

dimanche 3 avril 2011

Le Livre Rouge - Une coquille ?

Pour le moment, nous n'allons pas entrer dans des considérations sur le contenu, ni même vraiment la forme.
Les petits détails, les petits riens, les petits tout en fait...qui nous projettent au delà des mots, au delà des concepts, qui nous entraînent sur des chemins où l'on a parfois le sentiment d'entendre résonner très proche les pas du père de la psychologie des profondeurs.
Pour des soucis de propriété éditorial, nous ne disposerons qu'un cliché de détail très précis de l'ouvrage, sans montrer la page d'ensemble.




Ouvrons le livre premier "Liber Primus".
Nous découvrons rapide ce qui semble être une erreur grossière.
Comme beaucoup savent, Jung rédigeait à la plume, en lettres gothiques et en suisse allemand son "Liber Novus".
Cependant, le morceau choisi ici est en latin, faisait partie de l'introduction.


Jung a ajouté deux lettres qui ne doivent pas être là.
Voulant écrire Plenum (signifiant, empli, plein, arrivé à sa maturité, etc), voici que l'on a ici Plenum[um].
Les crochets sont une correction de sa part.
Alors qu'il débutait la rédaction la plus importante de toute sa vie, qu'il rédigeait ses premières phrases, ses premiers mots, que l'on est donc en droit de penser que son implication était pleine, entière, concentrée, comment une erreur aussi grossière a t'elle pu être commise ?
La période de grande perturbation que traversait Jung à cette période (embourbé dans l'anathème freudien, en pleine auto analyse, confronté aux forces violentes et souterraines de son inconscient) peut elle tout expliquer ? 
Une fatigue passagère peut elle faire perdre le fil ?
Une facétie inconsciente, un petit clin d’œil de la part de lui-même auquel il se trouvait confronté, qui ne trouve signification que pour celui qui le vit ?
Et si, usons toutes les cordes, l'on écartait la possibilité d'erreur grossière et , à l'instar des procédés de certains occultistes et "ésotéristes", que Jung étudiait attentivement en cette période, il laissait derrière lui des petits cailloux, qu'il nous fallait apprendre à déchiffrer ?


Le Livre Rouge

mardi 8 mars 2011

Le livre rouge


Tous ceux qui s'intéressent à l’œuvre de Jung ne peuvent ignorer la nature particulière de cet ouvrage. Pour les autres, on pourrait le résumer comme le journal intime du psychanalyste zurichois qui retrace ses confrontations avec l'inconscient. 
On comprend vite l'aspect éminemment intime et confidentiel du livre (et on est en droit, d'ailleurs, de se poser la question de la légitimité de sa diffusion au public mais le consensus général précise que Jung n'a jamais mentionné une autorisation ou refus à sa publication).

 Nous engageons le lecteur à naviguer sur cet espace pour découvrir les coulisses de la mise en œuvre de cette édition si particulière.


Le Livre Rouge