mercredi 2 décembre 2020

La personne humaine dans l'oeuvre de Jung - Didier LAFARGUE

Dans l'horizon si riche et varié des ouvrages sur ou autour de Jung, sa pensée, son œuvre, sa psychologie, voici un double ouvrage, ou plutôt, deux tomes bien distincts d'un projet, en apparence, ambitieux, au titre évocateur, celui de replacer la personne humaine dans l’œuvre...

N'ayant pas encore pu lire attentivement les deux volumes, et en attendant une recension, voici un bref aperçu à travers le résumé de l'éditeur et les sommaires.

 

 

Tome 1 - Lien vers l'éditeur 

Le but de l’auteur n’est pas de présenter une biographie détaillée du personnage, ou une étude scientifique de ses conceptions psychanalytiques. C’est de répondre à une soif de connaissances et d’interrogations concernant la pensée philosophique de Jung, une vision du monde indispensable plus que jamais, un élargissement de la conscience de chacun.

Introduction

Enfance de Jung et première appréhension du monde
Entrée dans la vie professionnelle et découverte de la psychanalyse.
Les voyages de Jung
Apothéose de l'œuvre 

L'homme, un être individuel

Valeur de l'individu chez Jung

Sens de la personne humaine
Influences philosophiques
Conscience et inconscient
L'inconscient avant Freud
Freud et l'inconscient
L'inconscient dans l'œuvre de Jung

Éveil de la personnalité

Unité de la personne humaine
Union de l'âme et du corps
Assumer les différents âges de la vie
Maîtriser le temps
Éloge de la simplicité

L'homme et le monde extérieur

Caractère humain de l'environnement
Les relations humaines
Le dualisme de l'introversion et de l'extraversion
Animus et anima
Le cœur, foyer de la personne humaine

L'homme en lutte avec lui-même

L'homme et le monde primitif

Persistance d'une nature primitive chez l'homme civilise
Puissance du mana
Sens des superstitions
Intelligence des proverbes
Évolution de la conscience humaine
Influence persistante de l'inconscient dans le monde civilise
Confrontation des races et scission avec l'inconscient
Le cas américain
Un peuple de pionniers
Spiritisme et Science chrétienne
Un certain déracinement

L'homme prométhéen

Sens de la liberté humaine
Toute puissance de l'orgueil humain
Divergence entre science et religion
Réaction des esprits et scission de l'individu
Réaction religieuse
Montée de la modernité
L'âge d'or perdu

Individu et société

Puissance et influence de l'idée
Idéologie, vérité et fanatisme
Danger de l'utopie
Tyrannie de l'idéologie
Influence de la religion sur les esprits et émergence du totalitarisme
Rôle tenu par l'Église au Moyen Age
Totalitarisme et XXe siècle
Tendance au millénarisme
Guerre sainte et mouvements collectifs
Guerre sainte et religion
Laïcisation de la guerre sainte
L'Allemagne et le nazisme
Sens du passé
Signification du nazisme
Spécificité culturelle allemande
Le mythe de Faust
Personnalité du Führer
L'image du chef

Conclusion et bibliographie

Tome 2 -Âme et spiritualité

La spiritualité ? La puissance de l’esprit sur la matière, un idéal qu’exprime magnifiquement le grand sphinx d’Égypte. Mais les croyances suffisent-elles à combler les aspirations de chacun ? Jung propose une sagesse, inspire à l’homme le désir de se remettre en question, de plonger plus avant au fond de son être pour s’interroger. Il rejoint notre époque où violence et terrorisme montrent à l’évidence l’emprise des mouvements collectifs sur les personnes. Or en l’âme existe un univers immense, riche, divers, l’inconscient collectif. Qui veut garder son indépendance d’esprit peut toujours s’y fortifier. Contrairement à l’inconscient personnel qui connaît des troubles, l’inconscient collectif n’est jamais malade et propose un réservoir inépuisable d’énergies d’une prodigieuse contribution pour l’individu. Voici décrit le contact avec ces forces, le fond commun des différentes traditions spirituelles qui offre une compensation aux insuffisances du monde moderne.

Chapitre 1 - Nature spirituelle de l'être humain

L'homme, un animal religieux
    Sens du sacré chez l'individu
    Âme et spiritualité
    Fonction médiatrice de l'âme
    Scepticisme et remise en cause
Inconscient collectif et nature humaine
    Sens des mythes
    Mythes et rites
    Expression de l'inconscient collectif
    Liens avec l'univers
Devenir de la personnalité et individuation
    Individuation et individualisme
    Héros et personnalité
    Le mystère de l'Individuation

Chapitre 2 - Spiritualité et monde moderne

Le mystère chrétien
    Le culte du dieu unique
    Christ et intériorité
    Signification de la Trinité
Orientation du Christianisme
    Déification de la personnalité divine
    Valeur absolue attribuée au bien
    Méfiance envers l'inconscient
    Dionysos et vie de l'âme
    Principe de la quaternité
    Alchimie et renaissance de l'âme

Chapitre 3 - Le mystère de l'Orient

Le mirage oriental
Bouddhisme et christianisme
L'harmonie universelle

Conclusion & Bibliographie

 

mardi 20 octobre 2020

Préface de Roland Cahen

Préface à L'homme à la découverte de son âme, rédigée par Roland Cahen, ouvrage compilant 7 articles de Jung, rédigés entre 1928 et 1934, permettant d'appréhender des clefs de sa psychologie.

Dans un monde né du judéo-christianisme, mais dont le mythe, pour beaucoup, n'est plus guère porteur, qui s'est réfugié dans la science, science qui sent l'infini reculer toujours plus loin devant lui, où donc trouver un nouvel ancrage, de nouvelles valeurs, de nouvelles sources de vie sinon au cœur même de l'homme ?
Si dans les années 40 « le verbe était au seul explosif», dans les années 80, de façon moins éclatante mais plus sournoise et non moins dévastatrice, le verbe ne risque-t-il pas d'être à la seule banalisation, au seul étalement des confusions, des idéologies parcellaires, des impu­dences subjectives et doctrinales?
Personnellement, j'ai toujours été convaincu, depuis qu'à vingt-deux ans j'ai eu la chance de rencontrer Jung, l'homme et son œuvre, que dans les siècles futurs on parlera de Freud et de Jung un peu comme aujourd'hui nous parlons d'Aristote et de Platon. C'est pourquoi il ne faut pas laisser banaliser, polluer les sources essentielles de la vie psychologique de l'homme.

L'œuvre de Jung constitue, à côté et au-delà de l'œuvre de Freud, magistrale certes, mais par trop unilatérale, une des sources majeures de nos connaissances sur le conscient et l'inconscient. Bien des notions révélées par ce livre, telles, par exemple, l'introversion et l'extraversion, les complexes, ont déjà diffusé dans la vie quotidienne et le langage de tous les jours. C'est que Jung nous révèle, au-delà même de son écrit, des noyaux de l'humain qui sommeillent en chacun et qui dès lors nous concernent tous.

Source d'une conscience confortée, élargie, trouvant sa santé dans son élargissement même, cet ouvrage est une des meilleures synthèses de la pensée de l'auteur, à partir duquel le lecteur pourra rayonner, selon ses tendances et ses goûts, dans toutes les grandes avenues doré­navant largement ouvertes.

Ce livre entrouvert, dont il m'a souvent été dit qu'il compte parmi les plus beaux livres écrits de main d'homme, le lecteur m'accordera sûrement, touché par la vraie vérité de la vie profonde qui s'éveille et vit en chacun, que ce dont il s'agit c'est d'être attentif à l'immensité de la vie intérieure, à la complexité de l'affrontement et de l'ajuste­ment du psychisme conscient et du psychisme inconscient ; c'est d'être attentif à la diversité des êtres, à la compréhension qu'ils requièrent tous.

dimanche 20 septembre 2020

Le moutruche, régulateur de la société...malgré lui.

Peut-être ne connaissez vous pas cet animal chimérique, composé d'une part de mouton et d'une autre d'autruche ?

Il semble pourtant important d'identifier cette créature, plus complexe qu'il n'y paraît, espèce majoritaire de la population, et déterminante du devenir de la société.

 

Magie du cybermonde, le Wiktionnaire nous propose une définition officielle :

Individu qui a les traits de caractère supposés du mouton et de l’autruche, à savoir une docilité extrême et le refus de voir les choses telles qu'elles sont en réalité, notamment en matière de politique et de problèmes sociaux. 

Ethologie* du moutruche.    *étude du comportement dans son milieu naturel

  • Le moutruche a un instinct grégaire aigu. Il suit tout autre moutruche et s'il se sent isolé de ses congénères, il plonge la tête dans le sol.
  • Le moutruche est, naturellement, très méfiant vis à vis d'individu qui présenterait la moindre singularité (au regard de ses congénères) que ce soit dans son attitude, son discours ou son apparence. S'il vous identifie comme tel, vous êtes immédiatement ranger dans une catégorie "nocive" (complotiste, révolutionnaire, hérétique, excentrique, malade mental, etc.).
  • Pour survivre, le moutruche se niche en des lieux où un discours de masse est proposé, en se gardant toujours du moindre esprit critique ou de réflexion de fond.
  • Pourtant, le moutruche peut se sentir, quelque fois, concerné...mais jamais responsable.
  • Apparent paradoxe, les moutruches aime les leaders autoritaires, voire brutaux, tant qu'ils peuvent avoir d'autres moutruches autour et, surtout, devant, eux.
  • La classe dirigeante aime profondément le moutruche et, par cycle coïncidant curieusement avec les périodes de renouvellement de leur mandat, adopte alors les discours propres à éveiller l'esprit grégaire du moutruche.
  • Le moutruche se nourrit d'espoir facile et de bonheur confortable, même sous forme d'illusion grossière, et ne supporte aucun aspect de la réalité qui contrarierait cette quête. S'il est bousculé, le moutruche plonge la tête dans le sol. 
  • Le moutruche peut se trouver dans toutes les couches sociales, tous les niveaux intellectuels, hautement diplômé ou non, rien ne le distingue, de prime abord, d'un non-moutruche.
  • Dénombrer les moutruches est un exercice périlleux car ils se révèlent de nouveaux moutruches à chaque crise, tension sociale, politique, etc.
  • Il paraitrait (Mais attention aux légendes) qu'il existe une sous-espèce rare du moutruche, le mougeon.

Le moutruche dangereux ?

  • Le moutruche isolé est, comme nous l'avons vu, totalement inoffensif et démuni.
  • En meute, il convient que le non-moutruche se tienne docile et, s'il le peut, prenne l'apparence du moutruche. Dans le cas contraire, tout est possible et dépend de l'intensité du sentiment de danger éprouvé par la meute. Un conseil assez fiable est, en cas d'identification comme non-moutruche, de tenter de jouer sur ce qui les effraye et d'en profiter quand leur tête est enfoui.

Moutruche et société.

C'est à l'échelle de la société que le moutruche atteint son seuil critique de nuisance, ou peut être plus précis, que sa forte propension à l'inertie et l'endormissement peut faire perdre toute capacité de choix éclairé.

On ne combat pas le moutruche car il refuse toute confrontation. Sa force réside dans son nombre. 

La vigueur d'une société est totalement proportionnelle à la quantité de moutruches en son sein.

Mutation du moutruche.

Les récentes études montrent qu'il existe une capacité de mutation chez le moutruche, qui peut, dans des cas spécifiques, lui faire perdre une part de son capitale génétique pour devenir un non-moutruche.

Le processus est mystérieux, certains affirment que c'est une question de conscience (notamment lorsqu'il réalise que la tête dans le sol laisse une partie délicate de leur anatomie à la portée de prédateurs).

dimanche 6 septembre 2020

Synchronicité - Illustration par Jean-François Vézina

Une fois n'est pas coutume, poursuivons notre approche de la synchronicité par une illustration "amie". Pour rappel, nous avons commencé par encadrer la notion de synchronicité, puis avons tenté de décrire ses attributs spécifiques

Voyons maintenant comment Jean-Françoise Vézina,aborde ce concept, dans son ouvrage traitant de la synchronicité, Les hasards nécessaires.

 Les 4 piliers constituant la synchronicité

Quatre indices ou repères permettant de distinguer la synchronicité typique :
  1. La coïncidence est de type acausal, c'est-à-dire que le lien entre les événements se fait par le sens.
  2. Cette coïncidence provoque un fort impact émotionnel  chez la personne qui la vit, suggérant une constellation d'images symboliques. Cet impact traduit le caractère numineux de l'expérience, soit le sentiment, pour la per­sonne, d'être interpellée par "autre chose" (l'inconscient).
  3. Cette coïncidence témoigne de transformations de la per­sonne, d'où la valeur symbolique de la synchronicité.
  4. Elle se produit généralement lorsque la personne se trouve dans un entre-deux, dans une situation chaoti­que ou bloquée. Cet état renvoie à la dimension liminale (du latin limen, qui veut dire seuil) de l'expérience.

Faire sens ou trouver un sens

Dans une synchronicité, nous pouvons nous demander si le sens sous-jacent au symbole n'est qu'une création subjec­tive. 
Selon Jung, au niveau de l'inconscient collectif, le Soi qui crée naturellement des symboles produirait du sens.

Le sens, dans une coïncidence significative, proviendrait d'une impulsion venant de l'archétype de la totalité qu'est le Soi. 
C'est comme si, dans une synchronicité, un dialogue s'établissait momentanément entre le «metteur en scène» (le Soi) et le «personnage principal» de l'histoire (le moi). Le moi peut toutefois s'accorder ou refuser de suivre cette impul­sion venant de la totalité. Le moi peut refuser de jouer «son rôle». 
C'est donc la disponibilité du moi devant les impulsions symboliques du Soi qui déterminera la cohérence d'un récit de vie et l'accomplissement de notre mythe personnel
Nous pouvons être tenté de jouer des rôles qui ne font pas partie de notre histoire mais qui sont «à la mode», et développer ainsi une forme de mythomanie symptomatique en nous écartant du sens approprié à notre vie.

Lorsque le sens est perçu, il se fait dans ce lieu intermé­diaire, à mi-chemin entre la réalité objective et la subjecti­vité. Il se perçoit dans cet espace transitionnel où se déploient les symboles, forces unificatrices des contraires. 
Les fleurs symboliques issues du Soi poussent entre le béton de la rationalité et les champs archaïques de l'inconscient. Lorsque notre champ de conscience est entièrement pavé par une rationalité de béton, la fleur, le symbole ou la syn­chronicité sont impossibles à percevoir. D'un autre côté, lorsque notre moi est trop fragile, nous perdons l'organisa­tion du sens qui s'impose à nous et nous risquons d'être submergé par les «végétations primitives» de l'inconscient...