Je vais tenter de livrer une petite réflexion personnelle sur ce sujet qui, par sa nature même, ne pourra jamais être épuisé. Pas de réponse définitive possible et finalement, pas de réponse "collective" non plus...tout au plus des pistes et des voies d'exploration.
Ce qui nous est trop proche est souvent ce qui est le plus mal compris car autant il est facile de définir un objet extérieur, autant tenter de saisir notre subjectivité est quasiment impossible. Bergson en est même arrivait à la conclusion qu'il nous fallait nous ignorer (en partie) pour pouvoir agir...j'aime assez cette idée et elle m'a beaucoup aidé à laisser advenir (une des clefs du processus d'individuation).
Dans le livre de Willequet (voir ici), il est proposé que la conscience soit définie comme l'outil servant l'ouvrier, le Moi (voir ici). La conscience serait donc conditionnée par un champ préexistant, lui-même issu d'une source originelle archaïque (l'inconscient)...fichtre, ce jeu de dominos ne nous facilite pas la tâche. Est ce raisonnable de rentrer dans de telles complications ? Pourtant, à bien y réfléchir, la conscience est une véritable anguille, qui échappe à toute définition ou encadrement dès qu'on croit la capturer. L'étiquette culturelle, sociale, le corps, le tempérament n'en sont que des facettes, des parcelles; "l'être" commence à toucher une profondeur mais finalement, qui peut le définir ?
Il semblerait bien que le seul espoir de toucher sa conscience réside dans la considération de sa subjectivité, dans la connaissance de soi. Je pense, au risque de me tromper, que les conditions requises à un tel travail introspectif nécessitent une certaine maturité (que je n'associe pas obligatoirement à l'âge avancé contrairement à Jung qui pense qu'une analyse est inefficace avant la quarantaine, mais n'oublions pas qu'il écrivit cela il y a 60 ans); en effet, une première partie de notre vie consiste à nous adapter, à nous insérer dans la société, bref à considérer le monde extérieur avant nous...inutile à ce sujet de blâmer ou gémir, c'est une réalité nécessaire pour la majorité.
Pour autant, il peut paraître délicat de percevoir autre chose qu'un objet car, réfléchissons bien, à partir du moment où nous nous saisissons d'une image, d'une émotion, d'un sentiment fugace, ou nous plaçons une intentionnalité, nous nous privons de la pure conscience...cornélien, n'est ce pas. En fait, pour se connaitre et toucher la conscience, il ne faut pas confondre l'identité d'objet et l'identité du sujet. Si l'on admet l'existence de l'âme, du Soi, de la conscience, c'est l'ultime possesseur ! dire "j'ai une âme, une conscience, etc" est un contresens.
S'ouvrir à la conscience trouve une valable représentation dans l'éveil oriental, la mise en lumière continue, la lucidité...c'est un travail très distinct de l'introspection car le jugement disparaît, les dualités avec lui. Et comme nous nous éloignons de l'auto-analyse, le Moi n'est pas nourri mais remis à sa juste place. J'ai le sentiment que dans cette pratique, qui peut commencer par un exercice de 2 mn par jour pour graduellement être augmenté, nous nous créons cette "porosité" entre l'extérieur et l'intérieur, nous percevons les émanations d'une unité, nous écoutons peut être les murmures du Soi.
Il y a tant de découvertes à faire sur soi-même dans la lumière de la lucidité. Ce que nous allons petit à petit découvrir, c'est que nous ne sommes pas ce que nous croyons être.