Il est bien connu que l'être humain a une propension à désirer ce qu'il croit être un manque plutôt que de se satisfaire de ce qu'il possède. Tiraillé par le passé, fébrile à l'idée d'un futur, l'activité mentale provoque un sabotage de l’ici et du maintenant. Pire, cet état est considéré comme "normal".
Captifs de fantômes...
Finalement, se laisser ballotter par ce désir d'ailleurs et d'autre moment, c'est entretenir une tension insupportable avec notre condition réelle d'existence.
Il est vrai que le mode de vie contemporain n'aide pas, le présent n'a plus guère la place pour exister.
Le passé, propriété sure et personnelle, devient un avoir, non un être. Paradoxalement, je m'identifie à lui...absurdité !
Le présent est effrayant parce qu'il nécessite de mourir à chaque instant au passé.
Quant à l'incessant "je serai", la projection dans un futur qui ne vient jamais, quête d'idéal inatteignable, constamment renouvelée par la peur irrationnelle de vivre le présent, est également un déni, une forfaiture au regard de la vie.
Si tu veux prédire le futur, construis le, si tu te contentes de le penser, tu entretiens un jeu mortifère.
Le passé, propriété sure et personnelle, devient un avoir, non un être. Paradoxalement, je m'identifie à lui...absurdité !
Le présent est effrayant parce qu'il nécessite de mourir à chaque instant au passé.
Quant à l'incessant "je serai", la projection dans un futur qui ne vient jamais, quête d'idéal inatteignable, constamment renouvelée par la peur irrationnelle de vivre le présent, est également un déni, une forfaiture au regard de la vie.
Si tu veux prédire le futur, construis le, si tu te contentes de le penser, tu entretiens un jeu mortifère.
...dans une société malade...
Force est de constater que cette instinct de fuite est fortement entretenu par des conditions externes propices à des pressions internes :- Une société et ses "gouvernants" malades, perdant tous repères de valeur, de principe, nourrissant l'individualité au détriment de l'individu (voir ici),
- Des médias d'information qui n'informent plus, se contentant de jouer sur les charges émotionnelles, levier d'une audience basée sur le viscéral à défaut du cérébral,
- Des réseaux sociaux, qui portent si mal leur nom, appelant l'instantanéité, l'orgueil, le chacun pour soi...réseaux de cellules isolées qui oublient qu'elles appartiennent à la même entité,
- Couronnant la pyramide de Maslow, une spiritualité devenue business, faisant muter la périlleuse quête intérieure en une ballade prêt-à-porter au parfum souvent bien lointain de nos rivages natifs.
...toujours en capacité de se libérer.
Mes contraintes quotidiennes me prouvèrent, jour après jour, que j'existais réellement et que je n'étais pas seulement une feuille ballottée au gré des vents de l'esprit, comme un Niezsche. Nietzsche avait perdu le contact avec le sol sous ses pieds parce qu'il ne possédait rien d'autre que le monde intérieur de ses pensées - qui d'ailleurs, possédait plus Nietzsche que lui-même ne le possédait. Il était déraciné et planait sur la terre, et c'est pourquoi il fut victime de l'exagération et de l'irréalité. Cette irréalité était pour moi le comble de l'abomination. Car ce que j'avais en vue, c'étaient ce monde-ci et cette vie-ci. Quelque ballotté et perdu dans mes pensées que je fusse, je ne perdais cependant jamais de vue que toute cette expérience à quoi je me livrais concernait ma vie réelle, dont je m'efforçais de parcourir le domaine et d'accomplir le sens. Ma devise était "Hic Rhodus, hic salta". (C'est ici Rhodes, c'est ici que tu dois danser).La conscience, qui reconnait et distingue sans faille les illusions, peut devenir témoin et permettre d'entamer la libération.
Jung, Ma vie, p304
Tout est à portée de main avec une facilité si déconcertante qu'on en arrive, une fois le chemin entamé, à se demander comment nous ne l'avions pas vu.
« nous sommes faits pour amener tous les mystères au grand jour, en qualité de ministres de l'éternelle source de la lumière »
Louis-Claude de Saint-Martin, Ministère de l'Homme Esprit p. 280
Vous préparez le café le matin, regardez l'eau couler dans la verseuse, apprécier le bruit, les miroitements, la teinte des premières gouttes du breuvage qui s'écoule...sur la route, amusez vous à repérer les défauts des carrosseries des voitures voisines, la couleur des panneaux publicitaires, le visage des conducteurs dans la file d'attente...au travail, concentrez vous sur les tâches anodines et ennuyeuses comme si elles étaient cruciales, accordez vous des pauses pour respirer, sentir votre corps, faire un sourire à vos collègues.
Source de quiétude, baume révélant les illusions du passé, apaisant toute crainte du futur, la présence à l'instant, en conscience, est à la fois d'un accès immédiat, inconditionnel et difficile à maintenir dans la continuité...mais est ce nécessaire ?
Alors, amis lecteurs, suspendez tout, pour cette seconde, à cette endroit,
Hic Rhodus, hic salta !