Certains films ouvrent une parenthèse inattendue vers le monde intérieur, invitation à un voyage « initiatique ». Le Prophète est de ceux-là.
"L'image donne vie au Verbe", comprendront ceux qui auraient la bonne idée d'aller le voir.
Sur une île imaginaire, Almitra, petite fille muette depuis la mort de son père, espiègle et chapardeuse, vit seule avec sa mère qui fait des ménages pour vivre. Accompagnant sa mère un matin, elle fait la rencontre de Mustafa, prisonnier politique assigné à résidence (on notera l’écho particulier du thème en cette période de révolutions populaires arabes).
Mustapha est un poète, amoureux de la sagesse, un philosophe au sens plein…ses mots sont créateurs d’images fabuleuses qui vont fasciner la petite fille et combler sa parole perdue. Une belle histoire d’âme-itié démarre.
Chaque séquence où le poète prend la parole est présentée sous forme de saynète magistrale (8 au total) : musique envoûtante, richesse et diversité des graphismes, c’est à chaque fois un véritable ballet de symboles et d’images qui réjouit les yeux, les oreilles, le cœur et l’âme.
Quelques extraits des dialogues (du livre) :
« Car la liberté n’est possible que lorsqu’elle n’est plus un but. »
« Aimez- vous mais ne faites pas un lien d’amour : qu’il soit plutôt une mer mouvante entre les rivages de votre âme. »
« Car qu’est- ce que le mal sinon le bien torturé par sa propre faim et sa propre soif ? »
« Quand le bien a faim il cherche partout de quoi se nourrir. »
« Lorsqu’on aime un ami, on ne doit pas pleurer car ce qu’on aime en lui peut être plus clair en son absence. En amitié seule compte la profondeur de l’âme. »