Après avoir succinctement abordé l'
Anima, traitons de l'Animus chez la femme. Cet archétype a fait l'objet de recherche moins poussée dans l’œuvre de Jung (qu'il est difficile de décrire ce qui ne nous appartient pas) et de nombreux continuateurs ont poursuivi les réflexions sur le thème (Von Franz, Hillman, Pinkola Estés etc).
La femme de Jung s'est même vu confiée le soin d'une intéressante réflexion sur le sujet, ayant elle-même était confronté à ce puissant archétype (
voir ici).
Je propose là une approche, très parcellaire mais qui permet d'appréhender la notion et ses enjeux.
"Dans sa première forme inconsciente, l’animus est une instance qui engendre des opinions spontanées, non préméditées ; il exerce une influence dominante sur la vie émotionnelle de la femme."
Cette citation de Jung, extrait de
Ma vie, est souvent utilisée pour définir l'Animus.
Il est important de rappeler que l'Animus s'exprime dans cette modalité lorsqu'il est encore niché au fond de l'inconscient de la femme (non différencié) mais que sur le chemin de réconciliation, il va se teinter différemment et donner par compensation ce qui manque à la femme.
Pour rappel, les archétypes ne sont pas des images préétablies, on pourrait peut être (et encore) les rapprocher de "potentialités imposées" à la conscience.
Par le même processus qui pousse l'homme par l'intermédiaire de sa
Persona, à remplir un rôle social, adopter une attitude virile et "efficace",
la femme devient porteuse de l'affectivité, de la "chaleur humaine" du nid familial, de l'apport sentimental dans la relation, grandit à l'intérieur d'elle une force compensatrice, inconsciente, germe d'une prise d'assurance assumée de soi,
l'Animus.
A l'instar de l'Anima et de la mère, le premier "porteur" de l'Animus sera naturellement le père pour la fille. Pour autant, une différence fondamentale (et liée à la phylogénétique selon Jung) existe, si le support projectif de l'anima est unique (monogame), il est pluriel pour l'animus (polygame).
«...L'animus est quelque chose comme une assemblée de pères ou d'autres porteurs de l'autorité, qui tiennent des conciliabules et qui émettent ex cathedrades jugements "raisonnables" inattaquables..." Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient
Voici qui complique notablement la relation : si l'homme peut trouver un réceptacle unique à son anima (le coup de foudre, l'âme sœur, etc), la femme devra trouver chez un seul homme l'ensemble des attributs de ses porteurs d'autorité mentionnés par Jung.
Pour schématiser, l'Anima imprègne l'homme du sentiment et l'Animus permet à la femme d'intégrer le savoir, la raison, le logos.
La confrontation avec l'Animus est un
enjeu majeur de libération pour la femme.
Emma Jung nous expose dans son ouvrage les apports d'une confrontation avec l'Animus :
"...Autant son Animus, lorsqu’il reste autonome, nuit aux relations par son « objectivité » intempestive, autant sa composante masculine bien intégrée l’aide à comprendre les hommes...
...La force de l’Animus permet d’acquérir une attitude intellectuelle qui libère la femme des limitations et des préjugés d’un moi étriqué...
...ce n’est que dans la mesure où cet être masculin est intégré dans notre âme et y exerce la fonction qui lui revient que nous pourrons être une femme au sens noble du terme et accomplir notre propre destin tout en restant nous-mêmes..."
Les archétypes