mercredi 20 juillet 2022

Archétype (8) - L'anima chez Jung - James Hillman - Partie 1

 Le thème, inépuisable, de l'anima, souvent caricaturé, souvent dénaturé, rarement sais dans sa profondeur et son amplitude, a été savamment traité par James Hillman. On peut découvrir son approche dans un ouvrage malheureusement aujourd'hui très difficile à se procurer, qui est complété par une étude de Emma Jung (Anima et Animus - Hillman et Emma Jung). Dans cet essai, le psychologue est allé très loin dans ses tentatives d'encadrement de la notion d'Anima...tentatives passionnantes par les perspectives offertes et les profondeurs d'implication
Nous allons nous efforcer de résumer les nombreuses facettes évoquées de cet archétype "à part".

1- Contrepartie sexuelle

Il s'agit là de l'acception la plus usuelle, se résumant par le fragment le plus inconscient de la psyché masculine, associé à sa part de féminité, tapie dans "l'ombre". Mais sur ce point, Hillman demeure assez circonspect et remet en perspective la relativité de ce que l'on nomme les attributs sexuels.
"...aussi longtemps que l'Anima restera la "salade russe" dans laquelle seront confondues sentiment, Eros, relations humaines, introversion,...le développement de l'anima, but de la thérapie, tout comme l'anima elle-même, continuera à signifier tout et n'importe quoi..."


2- Eros

Contenus et sentiments érotiques seraient liés à l'anima.
Pourtant, Hillman nous explique que les quatre degrés de l'anima mis en lien avec les quatre stades de la culture de l'Eros (Eve, Hélène, Marie, Sophia) par Jung sont des images du féminin sacré, un Graal pour recueillir son sang mais ne sont pas l'Eros.
Selon lui, "l'anima ne rentre en usage pour nommer la vie de l'âme qu'après notre mort" (symbolique), c'est une mort tapie en notre âme, nous sommes éloignés de la pulsion de vie de l'Eros. Il nous rappelle également justement que tout ce qui est féminin n'est pas nécessairement Anima et que tout ce qui est Anima n'est pas forcément vénusien.
A ce sujet, Hillman aborde la question de l'archétype d'Aphrodite qui brouille beaucoup les cartes car tout en désirant être reconnue, pousse son fils porteur de vie dans la danse.
"Bien que l'amour soit essentiel à l'âme,...et bien que l'âme soit ce par quoi nous recevons l'amour, il n'en est pas moins vrai que l'âme n'est pas l'amour".


3- Le sentiment

Anima comme archétype de la fonction sentiment ?
Forfaiture d'après Hillman qui explique cette confusion par l'idée d'infériorité (dans l'esprit collectif, fonction sentiment et féminité sont à développer pour l'homme) et par l'idée que le sentiment serait une prérogative féminine. 
La tâche ne serait pas de différencier le sentiment pour différencier l'Anima mais de différencier le sentiment de l'Anima.
Hillman pousse le raisonnement en dressant le constat de ce qui semble être la panacée pour une certaine psychologie analytique Anima = relation = sentiment.
Cependant, comme il le précise, l'Anima est une fonction de relation qui médiatise le personnel et le collectif, ce qui est réel et ce qui ne l'est pas...ce n'est pas du tout une fonction du relationnel.
De plus, associer Anima et sentiment signifie que le rapport de deux personnes ne se fait plus à l'aune de leur personnalité propre mais de reflets archétypaux et que le développement thérapeutique est basé sur la culture du sentiment...le processus lui semble en réalité plus complexe.
"Le sentiment qui se développe au cours de la constitution de l'âme est plus impersonnel, une sensibilité de détail envers la valeur spécifique des contenus psychiques et des attitudes, qu'il n'est personnel".

Les archétypes