mardi 21 février 2023

Eugène Wigner - Génie silencieux


Il est des personnages, unanimement considérés comme des génies, ayant marqués profondément leur domaine, et qui, pourtant, demeurent totalement ignorés du grand public...
Wigner (1902-1995), prix Nobel de physique, en fait partie. Ce hongrois, naturalisé américain, contribua à l'émergence de la nouvelle science (la mécanique quantique) et certains de ses pairs considèrent ses découvertes comme équivalente en implication à celles d'Einstein.
 
Le sujet n'est pas de s'étendre sur l'ensemble de ses découvertes, inaccessible aux communs des mortels, mais de mettre en lumière son esprit d'ouverture et son pouvoir de spéculation, autour du thème si fertile et délicat du rapport entre matière et esprit.

Le chat de Schrödinger

Schrödinger est l'un des pères de la physique quantique, décrivant les phénomènes particuliers en jeu dans le monde de l'infiniment petit. Pour tenter de représenter une des lois déroutantes  de cette nouvelle branche de la physique, il s'est amusé à inventer une expérience de pensée.

Elle consiste à placer un chat dans une enceinte fermée, et à disposer un système radioactif qui peut déclencher un piège mortel pour le chat.
  • si l'atome se maintient, le piège ne se déclenche pas => le chat est vivant.
  • si l'atome se désintègre, le piège s'active => le chat meurt !
La physique classique postule que, à un instant donné, le chat est soit mort, soit vivant...mais voilà, selon la physique quantique, tant que l'observation n'est pas effectuée, le chat est dans un état superposé vivant/mort, situation difficile à appréhender. 
L'observation entraîne le "choix" d'un état, qu'on appelle la décohérence.



Le paradoxe de Wigner

A l'heure actuelle, aucune théorie sur la décohérence de la superposition d'états du chat, ne fait l'unanimité. Aussi, celle proposée par Wigner a t'elle toute sa légitimité et reçoit d'ailleurs l'assentiment de plusieurs scientifiques de renom...pourtant, vous allez voir qu'elle dérange l'ordre établi.

En fait, selon Wigner, cet état superposé (on parle d'état d'onde) existe, est maintenu par l’œil qui observe, continue son chemin le long du nerf optique, conserve son intégrité jusqu'à l'arrivée au cerveau...et tout bascule lorsque la conscience de l'observateur s'en mêle. A ce moment là, selon des critères et un processus non connu (à ce jour), la conscience tranche et permet la décohérence (chat mort OU vivant).

Une conséquence immédiate survient : la conscience est seule "responsable" de notre monde matériel (visible)...et cette réalité tangible est commune (tous les être humains perçoivent le même état).

Bien entendu, cette hypothèse soulève plus de questions qu'elle n'apporte de réponse mais elle établit un pont entre l'esprit et la matière de manière surprenante...finalement, l'esprit créerait la face visible de la matière, sans interférer dans ses processus invisibles (les états superposés existent dans leurs conditions "potentielles").

Je ne souhaite pas m'étendre aujourd'hui plus amplement mais l'on peut d'ores et déjà voir le lien étroit qu'il pourrait exister entre cette théorie et la notion jungienne de synchronicité et l'Unus Mundus.
 
Pour les courageux qui souhaiteraient plonger dans les rouages de cette hypothèse, rechercher sur un moteur de recherche "paradoxe de Wigner"....






samedi 11 février 2023

Le rêve selon Jung

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« En chacun de nous existe un autre être que nous ne connaissons pas. Il nous parle à travers le rêve et nous fait savoir qu'il nous voit bien différent de ce que nous croyons être. »                
Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient
Depuis l'antiquité, le rêve questionne, fascine, est posé au cœur d'enjeux multiples dans le rapport de l'homme à lui-même, à la nature, à ce qui le dépassera pour toujours.
Selon Jung, le rêve est un produit de la nature qui utilise un langage archaïque ce qui le rend souvent délicat à traduire...à l'instar de Freud, il pense que c'est le canal idéal pour instaurer (restaurer ?) un dialogue avec l'inconscient. Mais, déduites de ses études cliniques, de nombreuses autres fonctions spécifiques  apparaissent dans ses ouvrages (citons L'Homme à la découverte de son âme et Sur l'interprétation des rêves).

Nature du rêve

Le caractère spontané, non contrôlé et naturel du rêve évoqué au-dessus implique une considération très particulière de ce dernier.
L'homme moderne étant coupé de son lien originel avec la nature
le langage du rêve lui est devenu difficile d'accès. En effet, et exprimé très simplement, Jung postule que, sur le plan psychique, la différence entre l'homme contemporain et le "primitif" est l'amplitude de conscience conquise, aux dépends de la "proximité" à l'inconscient.
Ainsi, le rêve provenant de l'inconscient, il nécessite soin, attention, analyse précise, pour se révéler à la conscience.
Intuitivement, Jung aimait parler du rêve comme le gardien du sommeil...
 
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Fonctions du rêve

  1. Cliché instantané de la psyché : Selon Jung, le rêve témoigne, de la manière la plus précise qui soit, de l'état de la psyché à un instant donné. 
  2. Rétablissement de l'équilibre psychique : Conscient et inconscient doivent maintenir une communication, afin de contribuer, conjointement, à la construction de l'individu. Toute attitude unilatérale (refus de l'inconscient ou, au contraire, perte des réalités conscientes) est traduite dans le rêve et, symboliquement, tirée vers une compensation menant à un équilibre psychique. 
  3. Sens prospectif : Au delà de son rôle de compensation, Jung a constaté, notamment par l'étude de série de rêves, qu'il y a a un mouvement, une dynamique, engagée dans un schéma directeur et singulier au rêveur, qui se dessine dans les rêves. Guidé par un fil d'Ariane intérieur (qu'il nommera Soi), le rêveur est accompagné dans sa métamorphose intérieure.

Travail avec le rêve

Si l'on connait l'importance du collectif dans l’œuvre de Jung, de son influence sur l'individu, des enjeux placés dans l'émancipation du un face à ces "énergies", force est d'admettre que les rêves portent, à d'exceptionnelles exceptions près, un sens singulier...aussi, quoi que l'on puisse lire ou écrire, le seul véritable interprète du rêve ne peut être que le rêveur lui-même.
Bien entendu, comme nous l'avons abordé à de maintes reprises, l'aide d'une tiers personne, pour dénouer des "intrications" entre conscient et inconscient, s'avère souvent indispensable.

Succinctement, Jung distingue deux plans dans l'interprétation du rêve :
  1. Le plan de l'objet : Les éléments oniriques sont examinés en lien avec la "résonance" du rêveur, dans son histoire et sa personnalités actuels, ainsi que la valeur au regard du passé, notamment de l'enfance. C'est l'aspect réductif d'interprétation (qui résume, pour faire simple, l'interprétation freudienne qui s'arrête aux question de refoulement),
  2. Le plan du sujet : Cette méthode s'appuie sur le caractère prospectif du rêve (qu'est ce que ça veut ?). On va, cette fois, s'attarder sur les éléments du rêve en les considérant comme une dimension "cachée" (ou projections) du rêveur...c'est la méthode constructive ou synthétique.
Ainsi, on voit aisément que l'interprétation des rêves pour Jung s’appuie sur la "méthode freudienne" (d'où je viens), enrichie par un autre niveau de complexité (où je vais).

Il existe d'autres aspects importants du rêve pour Jung comme l'interprétation sur le plan transférentiel ou la méthode d'amplification...pour approfondir ce qui vient d'être évoquer, je vous recommande l'ouvrage "L'homme à la découverte de son âme".