mardi 1 février 2011

Finalement, rendre les armes.

Aussi loin que ma mémoire m'amène, j'ai été attiré par le mystère. Pendant l'adolescence, je m'intéressais beaucoup à la parapsychologie, qui débordait du cadre "raisonnable" et m'ouvrait des portes insoupçonnées. Puis, je découvris la notion du sacré, que je reliais à l'époque aux religions instituées...alors j'ai rencontré de nombreuses personnes, des croyants comme on dit, de plusieurs confessions. J'étais fasciné et avide de rencontrer moi aussi ce dont il parlait avec tant de passion, la foi

Malheureusement, je fis un constat amer : il me semblait exister deux clans inconciliables; celui des "élus" qui fréquentaient les églises et qui étaient touchés, en apparence au moins, par le langage et les symboles qui y étaient échangés et puis l'autre, dont je faisais partie, qui, tout en étant désireux de comprendre, ne pouvait rester qu'à la surface des choses...il me fallut des années pour saisir le noeud du souci : mon besoin de comprendre et de théoriser était les semelles de plomb qui m'empêchaient d'avancer.
Le mystère des mystères n'est pas à l'extérieur, il est en l'homme. La seule voie possible est ancrée dans ma propre expérience et comme toute expérience, elle s'éprouve et peut, doit s'affranchir de la compréhension intellectuelle. J'avoue que dans mon cas, et chaque cas est singulier, la découverte de Jung m'a aidé dans cette démarche, non pas à découvrir mais à formaliser ce que je pressentais, ce qui existait en moi depuis le début.


Lorsque l'on s'engage sur le chemin intérieur, il ne faut pas oublier que l'on débute par un acte terrible, terrible et sublime, le sacrifice. En effet, le Moi, niche rassurante de notre conscience, source d'attentes et d'illusions infinies, avec son besoin de toute puissance, est soumis à un constat dramatique : il devra naturellement rendre les armes. Il y a un conflit violent, intérieur, entre le centre de la conscience, le moi et l'inconscient...mais on réalise bien vite que ce conflit est unilatéral. D'une part parce que nous ne pouvons vivre les choses que par la conscience, et d'autre part parce que le Soi, qui rayonne au coeur de l'inconscient, ne s'oppose pas. Il est le centre réel et total de la personne, il nous connait tel que nous étions, nous sommes et surtout nous serons. 
Dans cette lutte arrive un moment où le Moi, épuisé par les doutes, les peurs, les angoisses, lâche prise et rende les armes. Il reconnaît sa vulnérabilité et ses limites et en cela, il s'affirme.

En conclusion, je rappellerais que Sacrifier vient du latin Sacrificus qui signife "Faire un acte sacré, rendre sacré".

A bientôt
Jean

8 commentaires:

Ariaga a dit…

Tes articles sont vraiment intéressants. Quand je vais reprendre, tout en restant Jungienne (ou junguienne) je vais partir dans une voie plus personnelle et alchimique. Je suis donc ravie de voir que certains de tes articles sont "didactiques" car je vais avoir enfin un blog sérieux sur Jung à recommander. Je vais te mettre en lien, pour commencer mais au sujet des liens je compte les présenter, quand j'en aurai le courage, d'une manière plus démocratique c'est pourquoi je vais te mettre directement dans la liste générale. Amitiés.

Benoit Mouroux a dit…

Connaissant la qualité de ton blog et l'impact de tes écrits sur moi, ton commentaire me touche particulièrement et m'encourage.

Merci donc,
Amitiés,
Jean

Coumarine a dit…

Ton billet m'interpelle très fort
Cette phrase me touche particulièrement:
"Lorsque l'on s'engage sur le chemin intérieur, il ne faut pas oublier que l'on débute par un acte terrible, terrible et sublime, le sacrifice. En effet, le Moi, niche rassurante de notre conscience, source d'attentes et d'illusions infinies, avec son besoin de toute puissance, est soumis à un constat dramatique : il devra naturellement rendre les armes"
Puis tu donnes l'étymologie du mot sacrifice: et c'est comme une libération!
Merci pour ces mots...

nicole a dit…

vraiment j'aime beaucoup ce que tu écris Jean, je me reconnais dans la démarche que tu décris; et cette reddition du moi, dans mon cas ,fut longue et n'est certainement pas terminée mais cette relation non duelle avec le Soi me parle complètement.

Phène a dit…

Bonjour Jean,

Lorsque vous affirmez que "le Soi nous connaît", vous l'assimilez au dieu des chrétiens or, il n'en est rien...

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Phène,

Aucunement, je fais référence au Soi de Jung qui n'a pas plus, ou pour être plus juste pas moins, de lien avec le dieu des chrétiens qu'avec le Tao, Brahman, allah ou que sais je.

Phène a dit…

Bonsoir,

Pourriez-vous, cher Jean, préciser ce que vous entendez lorsque vous dites : le Soi (..de Jung, Dieu, le Tao, Brahman, Allah, etc.) qui rayonne au coeur de l'inconscient nous connaît tels que nous étions, nous sommes et surtout nous serons" ?...

Benoit Mouroux a dit…

Bonsoir Phène,

Pour des détails précis, la phénoménologie du Soi est décrite dans l'ouvrage "Aïon" de Jung, qui traite d'ailleurs du cadre chrétien et où apparaît toute sa spécificité propre.

Le Soi n'est pas définissable par nature, je ne peux le capturer en mot mais si je laisse parler mon intuition, ce sont les mots que vous mentionnez qui me viennent...le Soi est là, au coeur de chacun, la source originelle qui nous appelle.