samedi 11 février 2023

Le rêve selon Jung

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« En chacun de nous existe un autre être que nous ne connaissons pas. Il nous parle à travers le rêve et nous fait savoir qu'il nous voit bien différent de ce que nous croyons être. »                
Jung, Dialectique du moi et de l'inconscient
Depuis l'antiquité, le rêve questionne, fascine, est posé au cœur d'enjeux multiples dans le rapport de l'homme à lui-même, à la nature, à ce qui le dépassera pour toujours.
Selon Jung, le rêve est un produit de la nature qui utilise un langage archaïque ce qui le rend souvent délicat à traduire...à l'instar de Freud, il pense que c'est le canal idéal pour instaurer (restaurer ?) un dialogue avec l'inconscient. Mais, déduites de ses études cliniques, de nombreuses autres fonctions spécifiques  apparaissent dans ses ouvrages (citons L'Homme à la découverte de son âme et Sur l'interprétation des rêves).

Nature du rêve

Le caractère spontané, non contrôlé et naturel du rêve évoqué au-dessus implique une considération très particulière de ce dernier.
L'homme moderne étant coupé de son lien originel avec la nature
le langage du rêve lui est devenu difficile d'accès. En effet, et exprimé très simplement, Jung postule que, sur le plan psychique, la différence entre l'homme contemporain et le "primitif" est l'amplitude de conscience conquise, aux dépends de la "proximité" à l'inconscient.
Ainsi, le rêve provenant de l'inconscient, il nécessite soin, attention, analyse précise, pour se révéler à la conscience.
Intuitivement, Jung aimait parler du rêve comme le gardien du sommeil...
 
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Fonctions du rêve

  1. Cliché instantané de la psyché : Selon Jung, le rêve témoigne, de la manière la plus précise qui soit, de l'état de la psyché à un instant donné. 
  2. Rétablissement de l'équilibre psychique : Conscient et inconscient doivent maintenir une communication, afin de contribuer, conjointement, à la construction de l'individu. Toute attitude unilatérale (refus de l'inconscient ou, au contraire, perte des réalités conscientes) est traduite dans le rêve et, symboliquement, tirée vers une compensation menant à un équilibre psychique. 
  3. Sens prospectif : Au delà de son rôle de compensation, Jung a constaté, notamment par l'étude de série de rêves, qu'il y a a un mouvement, une dynamique, engagée dans un schéma directeur et singulier au rêveur, qui se dessine dans les rêves. Guidé par un fil d'Ariane intérieur (qu'il nommera Soi), le rêveur est accompagné dans sa métamorphose intérieure.

Travail avec le rêve

Si l'on connait l'importance du collectif dans l’œuvre de Jung, de son influence sur l'individu, des enjeux placés dans l'émancipation du un face à ces "énergies", force est d'admettre que les rêves portent, à d'exceptionnelles exceptions près, un sens singulier...aussi, quoi que l'on puisse lire ou écrire, le seul véritable interprète du rêve ne peut être que le rêveur lui-même.
Bien entendu, comme nous l'avons abordé à de maintes reprises, l'aide d'une tiers personne, pour dénouer des "intrications" entre conscient et inconscient, s'avère souvent indispensable.

Succinctement, Jung distingue deux plans dans l'interprétation du rêve :
  1. Le plan de l'objet : Les éléments oniriques sont examinés en lien avec la "résonance" du rêveur, dans son histoire et sa personnalités actuels, ainsi que la valeur au regard du passé, notamment de l'enfance. C'est l'aspect réductif d'interprétation (qui résume, pour faire simple, l'interprétation freudienne qui s'arrête aux question de refoulement),
  2. Le plan du sujet : Cette méthode s'appuie sur le caractère prospectif du rêve (qu'est ce que ça veut ?). On va, cette fois, s'attarder sur les éléments du rêve en les considérant comme une dimension "cachée" (ou projections) du rêveur...c'est la méthode constructive ou synthétique.
Ainsi, on voit aisément que l'interprétation des rêves pour Jung s’appuie sur la "méthode freudienne" (d'où je viens), enrichie par un autre niveau de complexité (où je vais).

Il existe d'autres aspects importants du rêve pour Jung comme l'interprétation sur le plan transférentiel ou la méthode d'amplification...pour approfondir ce qui vient d'être évoquer, je vous recommande l'ouvrage "L'homme à la découverte de son âme".

29 commentaires:

Jeanmi a dit…

Une autre méthode : le V.I.T.R.I.O.L. (Visita Interiora Terra Recificando Invnes Ocultum Lapidem : "Visite l'intérieur de la terre, rectifie et tu trouveras la pierre cachée" La pierre cachée c'est toi ! (Devise des Alchimistes dont Jung était)

La Licorne a dit…

Jean, ton exposé est intéressant, mais je tique sur cette phrase :
"Intuitivement, Jung aimait parler du rêve comme du "gardien du sommeil"... !!!

Il s'agit là d'une assertion typiquement freudienne (tirée du livre "Interprétation des rêves"), et, si je ne me trompe, Jung ne l'emploie jamais, puisqu'elle est liée à la notion de "censure"...notion totalement étrangère à la conception jungienne.
Pour Jung, le rêve ne "censure" rien, il ne travestit rien, il ne permet pas au rêveur de "dormir tranquille", il est "nature" et il livre son sens du mieux qu'il peut, sous forme symbolique, souvent...mais sans artifice ni travestissement.
Il ne garde pas le sommeil, il "garde" l'équilibre psychique, ce qui est différent...

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Jeanmi,
Je connais très bien cet adage et les multiples interprétations qui en sont faites...mais je ne crois pas que nous soyons, pour autant, sur "une autre méthode".
Jung n'a jamais fait d'opératif et a toujours considéré les alchimistes comme les premiers psychologues des profondeurs, de là à le considérer comme alchimiste....pourquoi pas ?
Jean

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Licorne,
Je ne crois pas que tu es vraiment lu ce billet puisque tout ce que tu écris y est mentionné, presque au mot près.
Jung utilise ce terme dans "L'homme à la découverte de son âme" et certaines correspondances...d'une part, il ne rejette pas la notion de refoulement de Freud, qu'il valide au contraire, mais il l'enrichit d'un autre degré de complexité...il y a plusieurs types de gardiens, comme les cerbères ou les bergers.
Jean

Anonyme a dit…

très intéressant thème que celui du rêve, merci Jean
La Licorne, l'expression "le gardien du sommeil" déjà utilisée par les Grecs qui accordaient une importance vitale au rêve, les alchimistes aussi...
En fait, le gardien du sommeil est la personnification de l'angoisse, et le rêve, possède cette fabuleuse propriété thérapeutique, de décharger le rêveur d'un trop-plein d'angoisse.
Le surmoi freudien n'est qu'une barrière placée par notre conscience morale;
On peut le qualifier de "censeur" si on le désire, donc un "pas gentil" :-) mais ne le rejetons pas trop car dans la plupart des cas, il se manifeste consciemment par de l'humour (de l'humour sur soi-même), et dans les rêves, dans des situations assez comiques.
Auto-dérision
Ne censurons pas trop Freud sinon nous censurerions alors une partie de l'oeuvre de Jung par la même occasion.
Une passantella

Benoit Mouroux a dit…

Dame Providence nous envoie une gentille pasantella dont je partage entièrement l'avis...

Merci bien à vous,
Jean

Kélilan a dit…

Merci pour cette riche synthèse, Jean !
J'aime cette phrase de Dolto disant :
" Freud soigne les racines et Jung fait fleurir les branches. "

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je crois que le rêve peut se concevoir comme le gardien du sommeil dans le sens ou, lors du sommeil, l’activité onirique inconsciente "prend la place" de l’activité psychique consciente. Une commutation se produit, un peu comme lorsque les lumières et les bavardages s’éteignent dans une salle de cinéma et que l’attention se retire du décor et du bavardage, qui tenaient toute la place avant l’extinction des lumières, pour se tourner vers le film projeté sur l’écran. Jung a émis l’hypothèse, qui semble très probable, que "le" rêve se déroule en permanence à l’arrière-plan de la conscience éveillée et que nous n’y avons accès que lorsque cette conscience est mise – ou se met – en veilleuse, ce qui est le cas, très régulièrement, lorsque nous entrons dans le sommeil. Aussi longtemps que l’attention reste orientée sur l’activité psychique inconsciente, sur le film intérieur qu’est ce rêve incessant supposé par Jung, nous demeurons dans le sommeil.

L’activité psychique consciente serait ainsi, en somme, "la gardienne" de l’état de veille conscient habituel et le rêve, activité psychique inconsciente, serait "le gardien" du sommeil ; les deux états, veille et sommeil, ayant ainsi leur propre "gardien".
La clé du passage de l’une ou de l’un vers l’autre, le pivot, serait l’orientation de l’attention soit vers l’une, soit vers l’autre. Savoir à quel niveau de l’être se situe cette attention et savoir ce qui peut l’orienter vers ceci ou vers cela et pourquoi "cela se fait", est une autre question...

Amezeg

Anonyme a dit…

Erratum – « ...le gardien du sommeil dans le sens OÙ... »

Amezeg

Benoit Mouroux a dit…

Cher Kélilan,

Quel drôle de rencontre...cette phrase me taraude depuis quelques jours et je réfléchissais à un billet possible.

Toujours surprenant cette "collusion" d'esprits...

Jean

Anonyme a dit…

« En fait, le gardien du sommeil est la personnification de l'angoisse, et le rêve, possède cette fabuleuse propriété thérapeutique, de décharger le rêveur d'un trop-plein d'angoisse. »
a écrit "Une passantella".

À propos de la place tenue par l’angoisse chez Freud, Jung exprime son point de vue dans une lettre adressée le 2 juillet 1960 au pasteur Oscar Nice :

« Cher monsieur le Pasteur,

C’est précisément par mon travail de thérapeute que j’ai commencé à comprendre la foi chrétienne dans son noyau essentiel. Il devint pour moi évident que l’angoisse, qui comme on sait joue un rôle important en psychanalyse*, n’est pas due à l’enseignement de la religion, mais bien plutôt à son absence.
Pour Freud, que j’ai bien connu pendant des années, l’angoisse jouait un rôle important. On peut voir sans peine que l’angoisse avait pour lui ses racines dans la peur de Javhé, c’est à dire dans la crainte de Dieu qui est toujours présente dans l’inconscient, particulièrement pour les juifs. La mentalité des juifs en est si marquée qu’il est rare que l’un d’entre eux puisse s’en dégager. Cela tient à sa judéité, et au fait que depuis des milliers d’années il appartient ou a appartenu à un peuple caractérisé par ses rapports étroits avec Javhé.
Chez les chrétiens, l’angoisse joue un moindre rôle, car ce n’est qu’à une date récente qu’ils se sont libérés des dieux qui représentent les aspects numineux de l’être transcendant dans leur diversité................ » – Jung, "Correspondance 1958-1961", Éditions Albin Michel

Amezeg

* Analyse freudienne

Anonyme a dit…

« En fait, le gardien du sommeil est la personnification de l'angoisse, et le rêve, possède cette fabuleuse propriété thérapeutique, de décharger le rêveur d'un trop-plein d'angoisse. »
a écrit "Une passantella".

À propos de la place tenue par l’angoisse chez Freud, Jung exprime son point de vue dans une lettre adressée le 2 juillet 1960 au pasteur Oscar Nice :

« Cher monsieur le Pasteur,

C’est précisément par mon travail de thérapeute que j’ai commencé à comprendre la foi chrétienne dans son noyau essentiel. Il devint pour moi évident que l’angoisse, qui comme on sait joue un rôle important en psychanalyse*, n’est pas due à l’enseignement de la religion, mais bien plutôt à son absence.
Pour Freud, que j’ai bien connu pendant des années, l’angoisse jouait un rôle important. On peut voir sans peine que l’angoisse avait pour lui ses racines dans la peur de Javhé, c’est à dire dans la crainte de Dieu qui est toujours présente dans l’inconscient, particulièrement pour les juifs. La mentalité des juifs en est si marquée qu’il est rare que l’un d’entre eux puisse s’en dégager. Cela tient à sa judéité, et au fait que depuis des milliers d’années il appartient ou a appartenu à un peuple caractérisé par ses rapports étroits avec Javhé.
Chez les chrétiens, l’angoisse joue un moindre rôle, car ce n’est qu’à une date récente qu’ils se sont libérés des dieux qui représentent les aspects numineux de l’être transcendant dans leur diversité................ » – Jung, "Correspondance 1958-1961", Éditions Albin Michel

Amezeg

* Analyse freudienne

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Amezeg,

Merci pour ta participation.

Je ne connais pas cette hypothèse de Jung mais elle est assez logique dans la vision globale qu'il avait de la psyché...les deux gardiens que tu évoques, qui pourrait n'en être finalement qu'un selon l'approche jungienne "unifiante", me ramène à la respiration de l'âme...un temps de contact avec la source, un temps de digestion pour grandir, deux cycles pour un même processus.

Freud ayant conçu sa psychologie aurpès de névrosés (restant en contact avec le moi) et Jung auprès de psychotiques (dissocié totalement du moi), on peut comprendre la différence fondamentale dans la genèse de leur pensée.

Amicalement,
Jean

Anonyme a dit…

Merci pour ta réponse, Jean.

Je ne me souviens pas précisément, pour le moment, de l’endroit où j’ai lu cette hypothèse de Jung supposant que le rêve se déroule en permanence à l’arrière-plan de la conscience, mais je ne désespère pas de le retrouver...

Après ses années d’apprentissage au Burghölzli, en contact avec des personnes psychotiques, Jung fréquenta longuement des personnes névrosées tout au long de sa très longue pratique privée. Je crois donc, pour ma part, que son point de vue à propos de l’angoisse n’est pas resté dépendant de ses années d’apprentissage en relation avec des psychotiques et qu’il exprime là quelque chose d’assez objectif.

Je trouve ton terme de "respiration de l’âme" assez évocateur de cette inversion régulière de "l’attention" dont j’ai parlé. Et on pourrait en effet dire qu’il n’y a qu’un seul gardien du tempo ou rythme de cette orientation, de cette respiration psychique.

J’ai du mal à te suivre entièrement à propos de ce que tu as dit, dans ton article, du plan du sujet et du plan de l’objet. Je m’en expliquerai peut-être davantage prochainement...

Amicalement,
Amezeg

Anonyme a dit…

L’hypothèse de Jung présumant la continuité du rêve à l’arrière-plan de la conscience est exprimée, par exemple, dans ce passage du chapitre I de l’ouvrage intitulé " Sur l’interprétation des rêves", Éditions Albin Michel :

« La série onirique est comparable à une sorte de monologue qui s’accomplirait à l’insu de la conscience. Ce monologue, parfaitement intelligible dans le rêve, sombre dans l’inconscient durant les périodes de veille, mais ne cesse en réalité jamais. Il est vraisemblable que nous rêvons en fait constamment, même en état de veille, mais que la conscience produit un tel vacarme que le rêve ne nous est alors plus perceptible. »

Amezeg

Benoit Mouroux a dit…

Merci beaucoup Amezeg, cela entraîne une nouvelle considération possible sur le rêve...très intéressant !

Jean

La Licorne a dit…

Je connais bien ce passage de Jung qui évoque la possibilité d'un rêve qui se poursuit sans cesse à l'arrière-plan de la conscience...C'est également ainsi que j'envisage les choses...

Le rêve serait une incursion dans un "espace" (le mot est mal choisi mais je n'en trouve pas d'autre), dans un "espace parallèle" et omniprésent...
En fait, par le rêve, notre conscience retrouve l'accès au "monde invisible" qui est là, à tout moment, mais que nous ne percevons pas.
Le rêve ne serait pas ce qu'en dit Freud, une "élaboration psychique et individuelle", mais il serait plutôt un "voyage nocturne" dans un monde qui est sous-jacent à notre réalité de tous les jours.

Comme si le monde perçu par nos sens n'était qu'une partie d'un monde plus large et que ce "monde plus large", nous le visitions pendant la nuit.
Ainsi, on peut inverser notre point de vue et considérer que, c'est quand nous avons les yeux ouverts que nous "imaginons", que nous sommes dans l'illusion, dans un univers "limité"... et que c'est quand nous avons les yeux fermés que nous sommes en contact avec le Réel, dans toute son ampleur !

Selon moi, le mérite de Jung est d'être parti de l'intuition freudienne, mais d'en avoir élargi considérablement les limites...
En fait, je ne le vois pas vraiment comme le continuateur de Freud mais comme celui qui a compris, tout au moins partiellement, la vraie dimension de l'inconscient...

Car, à bien y regarder, la définition de l'inconscient que donne Jung n'a plus grand-chose à voir avec celle qu'en donne Freud...avec lui, l'inconscient perd en grande partie son côté "individuel"...et limité.

Benoit Mouroux a dit…

Oui Licorne,
L'inconscient est aussi une porte vers la part d'invisible trop souvent oublié par nos sociétés...cette part manquante dans la vision classique.

Sur l'inconscient et Jung, nul doute qu'il complète (donc valide aussi) celui de Freud...beaucoup de spécialistes s'accordent à dire que le traitement des névrosés pour Freud et psychotiques pour Jung a naturellement induit leur vision, assez logique somme toute.

Jean

La Licorne a dit…

Certes, jean...mais je crois qu'on peut (et qu'on doit) aller plus loin...
L'inconscient freudien est un inconscient "fermé" et celui de Jung est un inconscient ouvert et infini, relié aux autres inconscients...cela change tout.

La théorie freudienne est une théorie qui découvre quelque chose de radicalement nouveau, un aspect de l'homme resté "invisible" jusque-là et c'est une théorie qui, dans le même temps... s'en protège !

En 1934 déjà, Jung écrivait au Dr Bernhard Baur-Celio : "Mais il est encore une chose que je voudrais vous dire : ce qu'on appelle exploration de l'inconscient dévoile en fait et en vérité l'antique et intemporelle voie initiatique.

La doctrine de Freud est une tentative apotropaïque d'ensevelissement pour se protéger des dangers de la "longue route", seul un "chevalier" risquera "la queste et l'aventiure" (en français). 

Extrait d'une lettre de Correspondance 1906-1940

Benoit Mouroux a dit…

A mon tour de te dire que je connais et médite régulièrement ce passage épistolaire, très significatif !

Je ne me suis pas assez expliqué sur ce que j'ai évoqué.
Le névrosé garde un pont constant avec la conscience, y découvrir l'effet de l'inconscient revient à faire l'état de symptômes pathogènes donc lui donner un rôle nauséabond".

Le psychotique, totalement coupé de la réalité, donne accès à "l'autre monde" et a obligé Jung à se poser la question "qu'est ce que ça veut ?"...ici l'inconscient est vivant, dynamique, porteur d'un autre regard sur soi et le monde.

Je crois que le fossé de leur pensée nait ici...

Jean

La Licorne a dit…

Oui, tout à fait...j'avais bien compris ce que tu voulais dire, sur ce point (névrose, psychose), même si je n'ai pas "rebondi"...

Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a la même différence entre l'inconscient freudien et l'inconscient jungien qu'entre une piscine de dix mètres de long et...l'océan !
Et que, par conséquent, Jung ne fait pas seulement "fleurir les branches de l'arbre", il redéfinit totalement l'arbre...
Il quitte la vision freudienne "rétrécie" de l'être humain et Jung entrevoit ses véritables dimensions...
L'aventure intérieure ne peut avoir lieu que sur l'océan...

La Licorne a dit…

Oups...pas très claire la fin de mon message...donc je reprends :

Jung quitte la vision "rétrécie" de Freud et entrevoit les véritables dimensions de l'être humain...
Or, l'aventure intérieure ne peut avoir lieu que sur l'océan...pas entre "quatre murs".

Avec la vision freudienne, on ne se concentre que sur une infime partie de ce qu'on est...sur notre "petite piscine psychique nauséabonde" (car non reliée à l'immensité)...ce qui a, bien sûr, à terme, des conséquences fâcheuses...car on risque de "tourner en rond" sur un tout petit territoire...

Mais derrière les murs de la piscine, on est aussi à l'abri, évidemment, des grandes marées...et on est "protégé" de l'infini et de son mystère.
On "patauge" en toute quiètude, pensant avoir découvert que la vie se limite à quelques notions basiques (que tout tourne autour des pulsions sexuelles, par exemple).

Voilà, pour moi, où se trouve le "fossé" entre eux.

Mais bien sûr, l'eau de la piscine est encore de l'eau...
L'inconscient "version Freud" est "contenu" dans l'inconscient "version Jung", il en est une "partie"...et c'est pourquoi, Jung ne dit pas que Freud est "dans le faux"...

Benoit Mouroux a dit…

Nous sommes bien d'accord.

Merci pour tes apports.

Jean

Ariaga a dit…

Un texte clair et juste, sans inutile verbiage et que j'aurais volontiers signé ! C'est probablement pour cela que je n'ai rien à ajouter ... Amitiés, cher Jean.

Benoit Mouroux a dit…

Peut il y avoir commentaire plus élogieux à mes "yeux" ?
J'en doute au vue de l'estime que j'ai pour ton blog et ton approche...

Merci Chère Ariaga,
Amitiés,
Jean

ver00 a dit…

Je suis bipolaire,donc , par mes manies, j'ai connu mon inconscient ;il est très inconscient des dangers de notre monde comme un enfant sauvage, mais très sensible, partageur,impulsif...Bref,depuis que je suis sous anti psychotique,je n'ai plus accès à mes rêves, quand je les arrête un petit temps, je rêve de nouveau.Tout ceci, pour donner un peu de concrets à vos dires,très intéressants,et très justes ,il me semble, dommage qu'ils n'arrivent pas jusqu'au grand public.

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour,

Merci beaucoup pour ce témoignage vécu. Cela apporte indéniablement une dimension pratique et personnel à mon billet.

Ton commentaire représente la raison même qui m'amène à faire vivre ce blog.

Jean

Anonyme a dit…

il me semble qu'il ne soit pas utile de donner autant d'intérêts aux rêves. je fais partie de ces gens qui ne souviennent que très rarement des rêves, peut être ceci explique cela . si nous ne sommes que matière pensante , l activité cérébrale au sommeil ne produit que des constructions sans conscience active éveillée (nos sens). beaucoup de bruits pour pas grand chose ,sauf si l on aime voir ce qu'il y aurait de caché dans ce qui ne l est pas , ou du moins ,donner du sens à ce qui n en a pas .

Benoit Mouroux a dit…

A chacun son point de vue Christophe...et surtout sa propre expérimentation.
Une personne réellement investie dans l'analyse de ses rêves ne pourra cependant jamais arrivé à votre conclusion, vous savez pourquoi ? parce que des choses se passent...quelle que soit la théorisation autour du rêve (production biologique, non sens, sens, etc), cela n'empêchera jamais à la nature d'agir.