mercredi 9 février 2022

L'art de l'erreur...


« ...Nous devons vivre notre expérience. Nous devons commettre des erreurs. Nous devons vivre jusqu’au bout notre vision de la vie.
Et il y aura l’erreur.
Si vous évitez l’erreur, vous ne vivez pas !
On peut même dire, en un certain sens, que toute vie est une erreur, car personne n’a trouvé la vérité.
Quand nous vivons ainsi, nous connaissons le Christ comme un frère, et Dieu devient réellement un homme. Cela semble un terrible blasphème, mais ce ne l’est pas. Car ce n’est qu’à ce moment là que nous comprenons le Christ comme il voudrait être compris : comme un de nos semblables. Alors seulement, Dieu devient homme en nous-mêmes. Cela semble être de la religion, mais ce ne l’est pas.
Je parle en tant que philosophe. Les gens m’appellent parfois un chef religieux. Je ne le suis pas. Je n’ai pas de message, pas de mission ; j’essaie seulement de comprendre. Si nous sommes des philosophes dans le sens ancien du mot, nous sommes des amoureux de la sagesse. Cela évite la compagnie parfois contestable de ceux qui offrent une religion.
Et ainsi, la dernière chose que je voudrais dire à chacun d’entre vous, mes amis, est la suivante : réalisez votre vie aussi bien que vous le pouvez, même si elle est fondée sur l’erreur, car la vie doit être détruite, et on arrive souvent à la vérité par l’erreur. Alors, comme le Christ, vous aurez réalisé votre expérience. Donc, soyez humains, cherchez la compréhension, cherchez le discernement et créez votre hypothèse, votre philosophie de la vie.
Quand nous reconnaissons l’Esprit vivant dans l’inconscient de chaque individu, nous devenons des frères du Christ. »

Carl Jung, Les sept sermons aux morts et autres textes

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Une réponse différée, mais une réponse tout de même,
Merci Jean,
Chantal

Ariaga a dit…

Un texte essentiel de Jung, merci de le publier et j'espère qu'il sera lu ... Amicales bises.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Une sagesse qui discerne l’Esprit vivant dans l’inconscient de chaque individu, jusqu’à se sentir alors frère du Christ..., voilà une philosophie que l’on a envie de dire "psychologie selon l’esprit et la pratique de Jung". Et l’on se voudrait volontiers philosophe en ce sens, d’autant plus lorsque l’erreur est reconnue et acceptée comme valeur conduisant elle aussi à la vérité (de soi-même) et à la réalisation de/du Soi: « Il ne s'agit pas d'atteindre la perfection, mais la totalité. », disait également C.G.Jung.

D’autre part, Jung précise ici la différence qui, selon lui, le sépare du philosophe "standard" :
« Comme je ne suis pas un philosophe mais un empiriste, je ne puis me permettre de penser que mon tempérament particulier, autrement dit mon attitude individuelle dans l'ordre de la pensée, ait une valeur générale. Seul le philosophe peut le faire, lui qui pose a priori sa disposition et son attitude comme générales et se refuse, autant que possible, à reconnaître que sa problématique individuelle est une condition essentielle de sa philosophie.» C.G.Jung, "L’âme et la vie " (p. 245), éditions Buchet/Chastel

Amezeg

Anonyme a dit…

On peut même dire, en un certain sens, que toute vie est une erreur, car personne n’a trouvé la vérité.
Personne ?

thomas Hawk a dit…

bonjour Jean. Cette citation est tirée de quel livre ?
merci

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Thomas,

Comme le ton professoral l'indique, il s'agit d'un extrait de retranscription de séminaire que Jung donna en 1937 à l'université de Yale...de mémoire, on retrouve cet extrait dans "Psychologie et religion".

Jean