S'il est bien une donnée insaisissable, c'est la définition du bonheur...plénitude de l'instant pour certains, réalisation de l'être pour d'autres. Cette définition revêt un caractère singulier à chacun, bâti sur un parcours de vie et la capacité de considération du monde, du "autre" (voir à ce sujet, les fonctions psychologiques).
La philosophie, qui s'est beaucoup nourrie de ce thème, a élaboré des propositions. En voici une ébauche personnelle.
Hédonisme versus eudémonisme
L'hédonisme ( (du grec ancien : ἡδονή / hēdonḗ, « plaisir » et du suffixe -ισμός / -ismós) est souvent assimilé à la recherche de satisfactions personnelles. Trop simpliste !
L'hédonisme est une voie philosophique menant au bonheur par la quête du plaisir dont une condition primordial réside dans l'évitement des sources de déplaisirs. Et le plaisir n'est pas restreint aux sens (comme dans l'épicurisme par exemple) mais s'étend aussi au contentement intellectuel, à la saveur d'une sérénité de l'instant, etc.
Bien qu'attaché au développement personnel de l'individu, cette voie nécessite une connaissance fine et profonde de soi, du monde et des autres.
Souvent mis en opposition, l'eudémonisme (Du grec ancien εὐδαιμονισμός / eudaimonismos, « souhait de bonheur », dérivé de εὐδαίμων /eudaímôn, « bon génie ») est la pensée philosophique qui place comme principe premier de la vie humaine, c'est à dire principe qui va conduire à tous les autres, la recherche du bonheur...à cette fin, la raison, dans son acception antique attachée à la vertu, l'éthique ou la morale, est le seul guide fiable.
En terme contemporain, on pourrait dire que l'eudémonisme permet de nourrir le juste et le vertueux, ou, plus directement, d'édifier un sens à la vie.
On notera, pour l'anecdote dans le ton de ce blog, que le couple hédonisme/eudémonisme présente des similitudes avec celui de l'extraversion/introversion.
Égoïsme versus altruisme ?
Au risque du simplisme, l'enjeu placé au sein du couple de l'hédonisme et de l'eudémonisme ne peut il pas se rapprocher de celui qui oppose l'égoïsme "je satisfais ma personne" et l'altruisme "je me construis en intégrant le monde" ?
"Un troisième terme", un "tiers inclus" est exprimé, à plusieurs reprises, dans les écritures* :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même !
Société versus individu
Depuis quelque temps, j'entends beaucoup de choses sur l'altruisme, à commencer par la sortie récente de l'essai remarqué de Matthieu Ricard (Plaidoyer pour l'altruisme, aux éditions Nil, 2014)...
Je lisais récemment un article sur une recherche médicale qui conclut que l'altruisme (que le rédacteur associe ouvertement à l'eudémonisme) se traduirait par un terrain génétique résistant face aux maladies...évidemment, les hédonistes/égoïstes posséderaient eux des gènes plus favorables à la venue de maladies.
Le message du collectif, en somme, est :
"Soyez bons et vous serez en bonne santé et heureux !"
Mais qui peut donner ce qu'il ne possède pas ?
Le bonheur,
une quête de soi qui conduit à l'autre
Les propositions de Jung ont ceci de séduisantes qu'elles traduisent l'appel de la vie et ne tombent dans aucun consensus, morale, convention ou éthique sociale...c'est une libération de l'individu, qui va tenter de se dévoiler face à lui-même, donc de se re-connaître, trouvant en chemin la paix en soi, et réaliser qu'une source en lui nourrit tous les autres autour de lui...
Bien entendu, libre à chacun de trouver ses outils et/ou son Jung pour y parvenir, nous faisons impérativement avec qui nous sommes !
Aimons, oui, mais apprenons à nous aimer, pour comprendre et, enfin, aimer mieux !
*Lévitique 19v18
Romains 13, 8-10
Marc 12:31
Matthieu 22:37
4 commentaires:
Vers la fin de cet article, excellent comme d'habitude, j'ai retenu ton expression " se dévoiler la& face". C'est très difficile car le voile de la persona est épais. Et pour aimez vous les uns les autres, je l'ai beaucoup entendu mais rarement vu pratiquer sans aucune discrimination. Il faut dire qu'il y a des gens difficiles à aimer ! Amicales bises.
Merci pour ta gentille appréciation chère Ariaga.
Le aimez vous... est une version angélique (au sens péjoratif oui oui) de celle que j'ai choisi, plus conforme à l'intégration de l'individu avec toutes ses teintes.
Amitiés,
Jean
Le bonheur, vaste sujet s'il en est. Tu m'apprends toujours quelque chose, Jean. Intéressante comparaison: trouver son bonheur extérieurement ou intérieurement.
Le bonheur est un état d'être que je ne ressens pas constamment. Je le ressens quand quelque chose ou quelqu'un me fait vibrer, moment magique de rire, de communication. Ou ce peut être une idée, une image mentale, une synchronicité qui fait vibrer ce vaste champ intérieur, que je nomme bonheur. Je ne parlerai pas ici des autres champs qui m'habitent aussi, bien sûr. Le bonheur, quand la vie s'intensifie au présent.
Merci,
Michelle
Bonjour Michelle,
Merci pour tes fidèles visites.
Je retiens ta dernière phrase qui résonne vraiment fortement en moi.
Amitiés,
Jean
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