dimanche 17 mars 2013

Delphes - Un enseignement antique

Temple d'Apollon
J'ai toujours considéré avec beaucoup de respect et d'intérêt la sagesse antique, les mythes et, bien entendu, la philosophie socratique. C'est donc naturellement que j'ai envie de vous faire partager de petites pensées, non sans lien avec le thème central de mon blog, l'âme humaine.
L'oracle de Delphes est relativement connu, notamment pour son précepte clef, l'incontournable "connais toi toi-même"...saviez vous en fait que le fronton du temple d'Apollon comportait de nombreux autres préceptes, qui demeurent encore partiellement traduits de nos jours, je vous en livre quelques uns.
  
« Connais-toi toi-même »

C'est dans le dialogue de Socrate avec Alcibiade (en particulier le premier dialogue où Platon expose, en profondeur, le principe de la connaissance de soi) que l'on trouve évoqué ce thème. Bien entendu, pour se voir, se découvrir, se connaître, il faut un œil. Mais il faut aussi quelque chose qui nous renvoie l'image car l’œil ne peut pas se contempler tout seul. Ainsi, un autre œil est nécessaire et, si la quête de la vérité est la notre, il faut saisir le miroir d'un œil qui la détient, celui du domaine divin (chez les grecs, Dieu est une valeur ultime, le beau, le vrai, qui n'a que peu de rapport avec le Dieu monothéiste défini par la théologie).
Abandonnons provisoirement Platon pour saisir l'analogie de ce dialogue discursif avec la pensée de Jung :
  • l’œil qui saisit l'intériorité est l'âme,
  • l'âme de l'autre me permet de contempler une image, partielle et floue mais dont les contours se dessinent, de la mienne (par le jeu des projections),
  • enfin, la part intangible et éternelle qui nous constitue (le monde des archétypes, le Dieu des grecs), devient la matrice "nourricière" de notre être qui, enfin, se "re-connaît".

« Rien de trop » et « Au dieu l'honneur » 

Némésis
Je vois dans cette injonction la mise en garde pour celui qui, sur le chemin de la connaissance, de la sagesse pour les grecs ou, pour nous, en plongée dans l'inconscient, s'approprie la part d'âme qui n'est pas sa propriété (qui dépasse son inconscient personnel). 
Les grecs avaient un terme précis pour désigner cette faute, qui était d'ailleurs une des plus graves dans leur civilisation, c'est l'hybris, la démesure de l'homme qui se prend pour un géant, un Dieu, la faute "prométhéenne". 
Mais la mythologie grecque étant d'une richesse infinie, la contre mesure de cet "enflement" égotique était la terrible némésis, cette déesse pouvait en effet appliquer la vengeance sur le coupable en le condamnant à une réduction drastique de son être, à ses limites humaines les plus restrictives...

  • l'âme, à la rencontre des dieux (les archétypes), peut s'identifier à eux et perdent les frontières qui le constituent
  • dans cet état particulier, la terrible Némésis (l'inflation) condamne l'être à sa portion congrue, empêche la conscience de s'enrichir, rompt avec la nature de l'homme...
Cette philosophie, qui parfois nous semble lointaine, est intemporelle et s'attache à des enjeux du quotidien, dans notre rapport à l'homme, la nature, et ce qui les dépasse.
Il est aisé de comprendre pourquoi la pensée platonicienne et néo-platonicienne a tant inspiré Jung.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

La rencontre «de l’âme» ne peut être témoignée, car le témoignage le langage, réduit inexorable et même plus détruit son message. Nous ne pouvons rendre compte, nous ne pouvons qu’être. Qu’être à son service.

Ravie par ton billet.
Chantal

La Licorne a dit…

Brrr...je tremble ! :-))))

Benoit Mouroux a dit…

Merci de ton passage Chantal,

Amitiés,
Jean

Benoit Mouroux a dit…

Tu fais bien Licorne ;)

Ariaga a dit…

J'adhère tout à fait avec la dénonciation de ce vol de la part d'âme de l'autre. Les grands manipulateurs sont des criminels car ils cherchent à détruire ce qui fait la singularité de chaque être humain, son "âme personnelle". J'ai beaucoup aimé ta note. Amitiés.