lundi 25 juillet 2011

Dialectique du Moi et l'inconscient - Jung

Un autre incontournable de la bibliographie "jungienne". En édition de poche, ce qui est important à souligner car il devient accessible pour quelques euros.
Il s'agit d'une présentation générale des principes fondamentaux de la psychologie analytique. Voici donc une petite présentation personnelle, sous la même forme qu'habituellement.
Sommaire de l'ouvrage

Première partie : Des effets de l'inconscient sur le conscient

Page 23-45 :    L'inconscient personnel et l'inconscient collectif
Page 46-80 :    Les conséquences de l'assimilation de l'inconscient
Page 81-94 :    La "persona", élément constitutif de la psyché collective 

Deuxième partie : L'individuation

Page 115-141 :  La fonction de l'inconscient
Page 143-200 :  L'anima" et l'"animus"
Page 201-232 :  Les techniques de la différenciation entre le Moi et les figures de l'inconscient
Page 233-260 : La personnalité "mana"

Avis personnel

Nous sommes une fois de plus dans un ouvrage de vulgarisation. Il m'apparaît important cependant de préciser que ce livre n'est pas le plus facile d'accès pour démarrer dans l'œuvre de Jung
On choisira plutôt, en œuvre de poche, Psychologie de l'inconscient, par exemple. Bien que nous soyons loin de la complexité des œuvres d'études, Jung a délibérément choisi de présenter la genèse de sa psychologie et surtout, ses implications cliniques et "sociales" et il faut s'accorder un temps de lecture posée pour saisir les dynamiques passionnantes exposées. 
Lors de ma première lecture, j'ai été saisi par le talent de Jung à mettre en évidence l'émergence d'une cohérence globale au sein de la complexité apparente de l’appareil psychique qu'il nous décrit. Je crois que c'est dans cet ouvrage que l'on trouve la synthèse la plus fine des concepts d'anima/animus et surtout du Soi (je parle bien de synthèse).

Pour ceux qui ont "digéré" leur première lecture de Jung ou des présentations de sa psychologie, ce livre me semble présenter un degré de profondeur supplémentaire (et toujours très accessible) avant d'aller éventuellement se confronter aux oeuvres plus conséquentes .

Quelques extraits
"Quand nous nous mettons à la tâche d'analyser la persona, nous détachons, nous soulevons le masque, et découvrons que ce qui semblait être individuel était au fond collectif : en d'autres termes, la persona n'était que le masque d'un assujettissement général du com­portement à la coercition de la psyché collective"
"L'habitude qu'a le conscient d'interrompre le chemi­nement des éléments intérieurs, de les corriger de les critiquer et de les remanier est déjà traditionnellement très forte. Or, en règle générale, elle sera encore renfor­cée par la peur que l'on ne veut avouer ni aux autres, ni à soi-même - peur de certaines vérités qui, recon­nues, saperaient notre point de vue coutumier des cho­ses, peur de découvertes dangereuses pour notre paresse et notre inertie, de constatations désagréables, en bref, peur de toutes ces choses qui incitent tant d'êtres à éviter comme la peste de rester seuls avec eux-mêmes. "

"Il y a des vérités qui ne seront vraies qu'après-demain, d'autres qui l'étaient hier encore; enfin, il y en a d'autres qui ne le seront jamais."

"On peut, certes, se demander pourquoi l'être s'indivi­dualise et si cela est souhaitable. Je répondrai à cette objection que cela n'est pas seulement souhaitable, mais que c'est même absolument indispensable, pour l'excellente raison que sans sa différenciation, que sans son individualisation, l'être demeure dans une condi­tion de mélange et de confusion avec autrui; dans cet état, il accomplit des actions qui le placent en désac­cord et en conflit avec lui-même."

54 commentaires:

Michelle a dit…

Merci beaucoup pour ces extraits. Je l'ai lu il y a longtemps, et tu me donnes le goût de le relire. Etrange ce qu'il dit, que certaines vérités ne seront jamais vraies!... Très dense et fascinant, ce petit livre!

Ariaga a dit…

Coucou, me revoilà ... c'est vrai qu'il y a beaucoup de "nourriture" dans cet ouvrage pas trop difficile à lire.

Benoit Mouroux a dit…

Merci pour vos commentaires.

Oui Michelle, cette phrase est étonnante mais elle m'a séduit...je crois tout simplement qu'elle signifie que certaines contingences de l'inconscient existent mais ne seront jamais réellement perçues ou mise à jour par le conscient.
Elle nous incite encore une fois à une humilité nécessaire...

Amitiés,
Jean

nicole a dit…

salut Jean,
ce livre m,a permis de découvrir Jung , il demeure en effet un livre accessible par ce souci de vulgarisation .
Je l.ai lu plusieurs fois, mais comme pour Michèle ,celà date déjà...Je me souviens d'avoir trouvé souvent savoureuse cette lecture , le style adopté par jung me séduisait : sa clarté , sa justesse , son humour ;o).

à relire pour moi très certainement .

Hécate a dit…

Bonsoir Jean ,j'ai chez moi quelques ouvrages de Jung . Pas les plus accessibles hélas .
Tout ce qui touche à la connaissance m'attire.
H

Benoit Mouroux a dit…

En effet Hécate, les grosses "études" de Jung sont assez indigestes...il faut les mâcher longuement.

Merci pour le passage.
Jean

Anonyme a dit…

Cher Jean,

La persona, ce masque est tout de même pratique, il me semble que parfois j'en aurais bien besoin.

Cile

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Cile,

Et comment ce masque est important!
Qui veut passer pour un ours associable ?

En fait, il me semble que le processus important à retenir en psychanalyse, est ce qu'on appelle la différenciation ou encore le passage d'une fraction jusqu'alors inconsciente à la conscience.
Cette assimilation n'est pas seulement mentale (se dire "bien entendu que je sais ne pas me comporter de la même manière seule ou avec autrui") mais doit être pleinement vécue...enfin, là on rentre dans du technique.

Donc oui cette persona est essentiel mais non, elle ne reflète pas l'authenticité de mon être (elle y mène cependant, pourquoi se comporter ainsi et pas autrement en société est un indice important).

Je ne suis pas sûr d'être clair...

Benoit Mouroux a dit…

Là, il s'agit d'une manoeuvre orchestrée et parfaitement consciente, la persona est un masque auquel on échappe que très difficilement...cela peut être l'attitude qui nous fait sourire à l'unisson d'une remarque émise dans un groupe alors qu'elle nous ulcère intérieurement, celle qui nous oblige à dire un truc intelligent auprès d'une personne précise sans savoir pourquoi, etc

J'ai fait un petit billet autour de la persona
http://carl-gustav-jung.blogspot.com/2011/04/archetype-2-la-persona.html

Amitiés,
Jean

Benoit Mouroux a dit…

La persona pourrait être, selon moi, comparée à une réponse au collectif de sa propre singularité (ou nature)...certains vont la construire tellement fine qu'ils seront vulnérables, d'autres tellement épaisse et riche qu'ils en oublient la face interne (le contact avec soi), d'autre bariolée et chatoyante et d'autre grise.

Ce n'est pas une construction pleinement mesurée mais adaptée...

L'essentiel est de saisir la sienne, comme vous semblez l'avoir fait.
Jean

Anonyme a dit…

Cher Jean,

Celle que les larmes parviennent à traverser doit être fine n'est-ce pas ?

Cile

Anonyme a dit…

L'autre ne peut pas savoir ce que je pense de lui puisque je ne le sais pas moi-même.

Cile

Benoit Mouroux a dit…

Celle que les larmes parviennent à traverser doit être fine n'est-ce pas ?

Si vous évoquez l'anima de l'homme, c'est très juste...mais pas vraiment fine, j'aurais dit assumée, intégrée, saisie, dépassée.

Jean

Anonyme a dit…

Cher Jean

Y-a-t'il un rapprochement à faire entre la persona de Jung et le faux-self de Winnicott ?

Cile

Benoit Mouroux a dit…

Bonsoir Cile,

C'est une question particulièrement pointue ça...je n'ai malheureusement pas réponse à tout, loin de là.

Le self et le Soi de Jung sont assez proche, disons que l'un comprend l'autre...pour ce qui est du faux-self et de la persona, il faut que je retourne lire un numéro des cahiers jungiens où je sais avoir trouvé une étude à ce sujet...ils sont proches mais une différence structurelle fondamentale existe, laquelle ?
laissez moi le temps de retrouver.

Amitiés,
Jean

Anonyme a dit…

Cher Jean

La faute à qi si l'inconscient est un infâme barbare ?

Elcé

Benoit Mouroux a dit…

Chère Elcé,

Je crois qu'il ne faut pas confondre autonomie et intentionnalité de l'inconscient...le qualifier de barbare, c'est juste le façonner à l'aune de sa propre conscience. L'inconscient n'a que faire du bien, du mal, du beau et du laid...

Amitiés,
Jean

Anonyme a dit…

Alors je n'ai rien à voir avec l'inconscient

Elcé

Anonyme a dit…

Dans la relation analyste-analysé sommes-nous enfermés chacun dans un rôle ?

Elcé

Benoit Mouroux a dit…

N'est ce pas le rôle d'un médecin de soigner le malade ?

Tu sais comme moi que parler de rôle en analyse n'est pas approprié, cf le transfert.

Jean

Anonyme a dit…

Le transfert n'est rien d'autre qu'une relation

Elcé

Anonyme a dit…

Ce qui façonne une relation ce sont les événements qui l'entourent or qu'y a t il comme événements dans cette relation ?

Elcé

Anonyme a dit…

J'ai le sentiment que cette relation est synthétique elle n'est pas complètement virtuelle mais non plus véritable elle fait du surplace du fait que l'on est confiné à la même place

Benoit Mouroux a dit…

Quoi te répondre Elcé ?

Ta phrase est très juste "Le transfert n'est rien d'autre qu'une relation" mais encore faut il accepter que l'on parle d'une relation entre l'intime de deux êtres...aucun des protagonistes n'en sort "indemne" contrairement à ce que l'on veut nous faire croire...c'est du moins ma conviction.

Jean

Anonyme a dit…

oui tu as raison, mes humeurs sont changeantes mais mes sentiments sont stables

Elcé

Anonyme a dit…

Que deviennent les désirs qui ne seront jamais réalisés ?

Anonyme a dit…

L'inconscient est comme un grenier dans lequel nous aurions entassé toutes les choses qui seraient venues à nous dès notre naissance et bien avant puisqu'il est la mémoire universelle et sans le refoulement nous serions condamnés à les porter toute notre vie, l'inconscient choisit ce qu'il laisse filtrer dans le conscient et nous avons alors à notre disposition ce qui nous fait plaisir

Benoit Mouroux a dit…

L'inconscient est...et nous ne serons jamais quoi au final.

L'ouvrier et son outil, le Moi et la conscience, font ce qu'ils peuvent.

Jean

Anonyme a dit…

Il y a des voix des mots et des façons de s'exprimer qui s'adressent directement au subliminal (cerveau par défaut)

Elcé

Anonyme a dit…

Et parfois ce peut être un objet comme un vélo que l'on a vu dans une entrée par ex et une autre fois attaché à un poteau au bord de la route et que l'inconscient va utiliser pour en faire un rêve

Elcé

Anonyme a dit…

La musique s'adresse au cerveau des émotions comme les odeurs et c'est dans celui-là que je suis le mieux il donne un espace dans lequel on se déplace autant qu'on le désire en fait c'est le lieu favori de l'inconscient

Elcé

Anonyme a dit…

Inconscient signifie tout ce qui n'est pas de l'ordre du conscient. J'ai vu une vidéo sur Freud où l'on utilise le concept de double conscience au lieu de l'inconscient. Cela me plaît assez parce que ainsi cette instance psychique semble moins hermétique, plus accessible et fait moins peur. Jung dit que tout ce que l'on fait nous éloigne de notre inconscient et le discours conscient ne serait-il pas là pour mettre la souffrance à l'écart ?

Elcé

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Elcé,

Tu mets le doigt sur une des plus grosses divergences entre l'approche freudienne et jungienne.

Jung postule (en fait déduit) que le conscient est non inconscient puisque la matrice originelle et finale de la conscience est nichée dans l'inconscient...cela ouvre des perspectives et finalités radicalement différentes.

Jean

Anonyme a dit…

Donc c'est le conscient qui n'est pas inconscient et non l'inconscient qui n'est pas conscient ?

Elcé

Anonyme a dit…

Excuse-moi de ne pas avoir dit bonjour en préambule, mais mon esprit girouette fait que si je n'écris pas immédiatement ce que je pense ma pensée s'envole

Bonne journée à toi

Elcé

Benoit Mouroux a dit…

Elcé,

Je ne me formalise pas souvent sur les problèmes de forme quand j'échange à bâton rompu.

En effet, le plus juste serait de dire que le conscient est non inconscient...l'individuation serait comparable à une réintégration.

Jean

Anonyme a dit…

Ce n'est pas le jour qui naît mais les ténèbres qui reculent ?

difficile tout ça

Elcé

Benoit Mouroux a dit…

Ta formule est jolie et assez juste...en se plaçant sur le versant de la conscience.

C'est un processus extrêmement subtil me semble t'il. S'il est vrai qu'en s'individuant, l'on voit son champs de conscience croître en s'enrichissant de contenus inconscient, il est vrai aussi que l'inconscient est potentiellement infini...plus l'on s'approche d'une certaine finitude de l'être, et plus l'on s'ouvre vers un certain infini.
C'est du moins mon point de vue.

Jean

Anonyme a dit…

La conscience est-elle issue du conscient ou de l'inconscient ou de la rencontre des deux?

Elcé

Benoit Mouroux a dit…

Tu sais Elcé, je n'ai pas les réponses à des questions aussi larges mais je me suis forgeais un avis au fil du temps, des approches et des expériences...

J'ai traité de ce sujet ici :
http://carl-gustav-jung.blogspot.com/2011/02/la-conscienceet-soi.html

Bonne soirée,
Jean

Anonyme a dit…

Rassure-toi, cher Jean, nous perdons beaucoup de choses au cours d'une vie mais jamais sa conscience.

Elcé

Anonyme a dit…

La double conscience serait qu'il en existerait deux qui seraient semblables une qui s'exprimerait la nuit et l'autre le jour donc ce serait la même qui serait plus forte la nuit que le jour contrairement à la notion de conscient inconscient qui sont habituellement deux choses fortement opposées

Psyché

Benoit Mouroux a dit…

Psyche,

J'ai du mal à saisir la différence réelle avec le schéma conscient/inconscient si ce n'est en terminologie.

Jean

Anonyme a dit…

Personnellement, je ressens comme semblables et non opposées ces deux consciences que sont le conscient et l'inconscient. Disons que la conscience qui s'exprime dans le rêve est juste un peu plus forte que celle du jour comme une couleur qui serait plus foncée la nuit et plus claire le jour alors que quand on parle conscient et inconscient on pense généralement que l'inconscient est très éloigné du conscient.

Psyché

Anonyme a dit…

Cher Jean, l'idée c'est que si l'inconscient devient aussi accessible ou presque que le conscient faut-il alors, continuer de parler d'in conscient ?

Psyché

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Psyché,

Ce ne sont que des terminologies...pourquoi parler d'accessibilité de l'inconscient ?
La nature de la psyché est telle, avec une matrice, d'où émerge la conscience, dont on ne peut rien dire parce qu'on n'en connait rien.

Jean

Anonyme a dit…

Cher Jean, pourquoi les relations humaines sont-elles si compliquées ?

Psyché

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Psyché,

Si je détenais ces vérités...une des explications repose, selon loi, sur le fait qu'elles se basent sur 10% de visible et 90% d'invisible.
On a déjà beaucoup de mal avec soi alors composer avec la complexité de chacun.

Jean

Anonyme a dit…

Bonjour Jean

N'y aurait-il pas aussi 90 pour cent des désirs non réalisés ?

Benoit Mouroux a dit…

Ce qui revient à peu près à ce que j'ai dit...

Jean

Anonyme a dit…

Jean
les sentiments on ne les dit jamais, est-ce parce que c'est trop difficile ?

Psyché

Benoit Mouroux a dit…

Psyché,

Il y a tellement de manières de les exprimer...bien plus difficile de savoir les "entendre".

Jean

Anonyme a dit…

Jean
si le conscient est non inconscient alors la vie est non mort donc il n'y a pas de pulsion de mort.

Psyché

Benoit Mouroux a dit…

Psyché,

Il n'y a aucune analogie de la sorte à faire.

Cette phrase exprime l'idée que le Moi, et donc la conscience, est un complexe comme un autre qui trouve sa source originelle dans l'inconscient...

Jean