Le Christ Jésus ayant la condition de Dieu ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. (Ph 2,6-7)
Une question, tenant à la théologie, peut s'imposer. En perdant sa gloire, Dieu est il encore Dieu ? A chacun d'y répondre mais force est de constater que, pour les chrétiens, l'incarnation en Christ constitue le chemin vers Dieu, nourrissant dans cet élan potentiel sa gloire...
je suis le chemin, et la vérité, et la vie... (Jean 14:6 )
Quel lien avec l'individuation ?
Il nous faut en revenir aux "fondamentaux" de la pensée jungienne. L'individuation, en représentation visuelle, semble s'approcher d'une "spirale descendante rétrécie", partant des ténèbres de l'indifférenciation (inconscient dominant) à une série de cycle de régression/progression (voir ici) portant vers "un chemin de plus en plus exigeant et étroit" replaçant toutes les instances psychiques à leur juste place (règne de la conscience éclairée et éclairante)...pour, peut-être, toucher au monde numineux de l'archétype, frontière où l'immanent humain touche à ce qui s'apparente à la transcendance.
Dans ce processus, se niche le sacrifice (au sens étymologique, sacrificare, "faire sacré"). Il s'agit bien d'un renoncement, conscient mais pas toujours volontaire, la nuance est importante, qui porte à la mort l'ancien pour le renouvellement et l'espérance d'un nouveau...
L’équilibre (ou plutôt le rééquilibrage) de la personnalité auquel le processus d’individuation nous donne accès par la mise en tension des opposés n’est jamais un « juste milieu » mais presque toujours un abaissement. Ainsi, lorsque advient le « troisième » (par exemple la fonction dite inférieure, voir ici), ou tout du moins lorsque les valeurs de l’ombre qu’il représente commencent à être reconnues, admises par le moi, les idéaux, qui sont toujours des valeurs « hautes », s’effondrent, perdent de leur prestige ; la personnalité s’alourdit et se matérialise, et ne découvre qu’avec le temps et à travers ce qu'il conviendra d'appeler une forme directe ou indirecte de dépression, le sens paradoxal (unissant contrainte et liberté, limitation et gain d’espace) de cet enracinement dans la terre et le corps.
La voie de l’individuation ouvre les portes de la liberté vraie, celle qui consiste en l’adhésion sereine –fût-elle douloureuse parfois- à un ordre dépassant l’homme, grâce auquel il se sent à sa place dans un univers doté de sens. Je songe alors à l’abandon chrétien qui trouve son apogée dans la kénose.
La kénose.
L’abandon.
Dans cette solitude radicale, absolue, dans cette nuit, ‘descend’ le mystère.
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