samedi 8 septembre 2012

Livre rouge - Le contenu



Septembre, mois de toutes les reprises, voici donc la période propice pour mobiliser les énergies...
Afin d'assurer la transition vers de nouvelles lignes en cours de préparation, nous vous proposons un petit travail exposé sur le blog de notre amie Ariaga ( Laboratoire du Rêve et de l'Alchimie ). 
 
Exercice périlleux, nous tentons d'introduire et synthétiser le contenu de l’œuvre d'une vie intérieure, espérant apporter quelques pistes "aux chercheurs de psyché".


Photo Ariaga, p. 119 du Livre Rouge de C.G.JUNG
Chère Ariaga,

Ayant succinctement parcouru les écrits de l’ouvrage, tu m’avais demandé, durant ta récente convalescence, mon ressenti. Je suis bien loin d’avoir tout appréhendé et je ne pense pas en avoir jamais l’ambition.

Je dois t’avouer qu’un constat s'impose : ce livre peut être abordé de deux façons, radicalement différentes
Comme nous l’avons fait tous les deux au début, se contenter de l’ouvrir, admirer, laisser venir et parler les forces symboliques des dessins, de la texture du papier, des lettres gothiques ... et se les attribuer. Ou alors, se plonger dans l’écrit, activer la fonction pensée et tenter de comprendre la plongée dans l’âme de Jung … qui devient alors seul maître à bord.
Use, amie Ariaga, le plus longuement possible de l’esprit de découverte avant de passer à un approfondissement car j’ai peur que la marche arrière ne soit pas possible.

 

 

 Liber primus

Ce qui m’a frappé de prime abord, c’est le fantôme apparent d’une première version. En effet, Jung avait entamé le travail de mise en forme de ses cahiers noirs sur un premier ouvrage dont les dimensions ne convenaient pas…et, soigneusement, il a découpé puis collé chaque page sur la mouture finale, comme un symbole de ces éternels retours en arrière sur le chemin de l’individuation, de ce jeu de composition qui, parfois, s'impose pour que les fragments retrouvent une unité.

Je n’ai pas pu m’empêcher de " voir " Carl, regard concentré, langue sortie, appliqué à faire ses collages (je sais, j’adore les clichés).
La vision prophétique de « la marée terrifiante », augurant l’arrivée future de la première guerre mondiale m’a particulièrement touchée. J’avais alors le sentiment de découvrir l’âme élevée de Jung, sensible à une « infection psychique » de l’inconscient collectif.
Au cours de ma première lecture, le couple mystérieux Elie et Salomé a résonné au fond de moi...m’interpelant, me questionnant et le rôle de Salomé, femme séductrice et aveugle m’intriguait particulièrement. 
Et pour cause, c’est l’expression de l’anima qui ne peut que résonner en chaque homme. Cette figure mystérieuse bouscule Jung, le pousse à l'expérience du non mental...exercice totalement contre nature pour lui et qui le force à aller vers sa souffrance la plus intime.

Liber secundus

Voici l’heure d’Izdubar, colossal et puissant (saisissant est le mot parfaitement adapté) … mais anéanti par le poison du mental si ancré chez Jung ; la raison tue le numinosum
Le géant divin est alors réduit à l’état d’un œuf que Jung garde sur lui, croyant le contrôler. Le contrôler car il ne peut pas s’en passer, il l’aime ! (Je crois que des enjeux essentiels sont placés dans cet œuf et je creuserai probablement la question dans les prochains mois)
Même à l’état embryonnaire, sa force submerge Jung qui doit lui redonner vie…mais personne ne peut donner naissance à un Dieu. Carl passera à cette période, comme il le raconte dans Ma vie, très près de la folie.

Philémon arrive alors, comme pour le sauver. 
Jung en parle ainsi : « …la fusion du sens et du non-sens, qui produit la signification suprême… ».
C’est une image du Soi, du Dieu en lui.
Naturellement, Jung va passer par une phase de fusion très déroutante pour le lecteur où il écrit comme étant représentant de Dieu...d'un dieu intérieur, à n'en pas douter.
Finalement, il va donner " corps " à ce vieux sage à travers la réalisation d'un superbe dessin détaillé. 
Ce travail va lui permettre de l'objectiver et ainsi de s'en différencier.

Salomé réapparait, guérie et souhaitant de nouveau lui imposer sa présence. 
Jung refuse, poussé par une peur viscérale ... combien j’ai été troublé de lire ce Jung, porté par une fonction dominante "pensée" tellement effrayé par son anima, porteuse du "sentiment".
Ces puissances vitales sont bien capables de ramener un brillant chercheur à l’état de petit enfant !

Épreuves

Cette partie n'existe pas dans la version du Livre Rouge original mais a été insérée par l’éditeur ce qui me semble cohérent.
Je retiendrais deux choses : Le fameux Sermon aux morts où Jung, pour reprendre ses propres mots, « a découvert les couches pré-personnelles en lui, formant une sorte de prélude à ce qu’il avait à communiquer au monde sur l’inconscient » 
et puis cette phrase
« Par l’union avec le soi, nous atteignons le Dieu » … pas Dieu, ni un Dieu mais LE Dieu.

Si je devais, amie, résumer ma perception du Livre rouge, je parlerais d’un chemin de souffrance et d’amour purifié.


Le Livre Rouge



4 commentaires:

Michelle a dit…

Bonjour Jean,

Quel magnifique article pour la rentrée. Pour ma part je n'ai qu'effleuré le livre rouge, que j'ai acheté en anglais. Que j'aimerais avoir le texte à part pour pouvoir le lire commodément,
et en français. L'achat d'un lutrin me faciliterait la tâche quitte à le lire à très petites bouchées.

Merci beaucoup, je t'embrasse!

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Michelle,

Merci pour ta réactivité !
J'ai personnellement vendu ma version anglaise pour acquérir la française, curieusement bien plus chère (merci les éditeurs français)...

J'ai acheté un petit lutrin en attendant mieux et, je te rejoins, c'est l'idéal pour une lecture "reposante".

Bises amicales,
Jean

Ariaga a dit…

Cela me fait plaisir pour mon retour sur les blogs de lire cet article 'en écho" qui repousse la limite d'une manière qui me plait beaucoup. Merci, ami, et continue à nous faire réfléchir sur Jung et bien d'autres sujets. Je vais prendre le temps de remonter dans tes récentes notes. Amicales bises.

Benoit Mouroux a dit…

Merci de ce passage chère Ariaga,

Ce billet n'aurait surement pas vu le jour sans ton "impulsion"...

Amitiés,
Jean