Relisant certains extraits que j'avais mis de côté, je tombe sur celui-ci, qui me ramène immanquablement aux dernières pages de Ma vie, où Jung exprime, à demi mot, la même chose...
Jung avait compris depuis longtemps que la nature ne se capture pas, quand bien même la cage fut elle dorée, et que le piège pernicieux des mots est d'enfermer, parfois à contre gré de leur auteur.
Michel Cazenave nous invite ici, et nous rappelle, que pour ne pas "trahir" la pensée de Jung, il ne fallait jamais devenir "jungien".
A comprendre, évidemment, céder à une idolâtrie, quelle qu'elle soit, qui fait perdre l'esprit critique et étouffe toute capacité d'analyse et de créativité.
En sortant du cimetière qui surplombe Küsnacht, ces idées ne cessaient de tourner dans ma tête. Et le souvenir confus de ce que Jung avait dit sur la liberté de chacun par rapport à lui-même.
Pourtant, pendant trois jours, ce fut Nietzsche sans cesse qui s'imposa à moi — mais ce n'était pas un hasard : « Vous ne serez mes élèves que quand vous m'aurez refusé... » Et ce n'est pas non plus un hasard — ou ce fut au contraire un hasard plein de sens — si je tombai sans le vouloir, au bout de ces trois jours, comme je cherchais autre chose, sur cette lettre de Jung :
« Je ne peux qu'espérer que personne ne devienne "jungien". Je ne défends en effet aucune doctrine, ...je ne prêche aucun système achevé, fermé sur lui-même, et j'abhorre les "partisans aveugles". Je laisse à chacun la liberté de s'occuper à sa manière des faits car je prends moi-même cette liberté. »
Cette liberté, à mon tour, je me suis donné de la prendre.
Je n'ai peut-être alors rien dit de la « vérité » de Jung.
Mais à travers l'empathie de ma propre expérience — quoiqu'elle vaille par ailleurs — j'ai tenté d'interpréter, c'est-à-dire de comprendre, une expérience intérieure qui dura toute une vie.
Michel Cazenave - L'expérience intérieure
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