mercredi 26 janvier 2011

Extraversion et introversion - Approche

Il n'est pas la vocation d'une typologie psychologique de classer les êtres humains dans des catégories - ceci serait assez futile. Son objet est plutôt celui de fournir une psychologie critique qui rend possible une investigation méthodique ainsi que la présentation du matériau empirique. Types psychologique, p555-556

Alors, vous êtes plutôt du style à vous lover dans votre coquille ou bien à donner de la voix sans appréhension ?
Ce n'est pas si simple que cela...

Les termes extraversion/introversion sont entrés dans le langage populaire et désigne, dans un cas, un individu sociable, bavard, démonstratif voire exubérant et, dans l'autre cas, un timide, replié sur lui-même et ne se livrant que difficilement. Dans le champ de la psychologie, ils définissent des dynamiques nettement plus subtils. 
 
Jung, dans Sur les conflits de l'âme infantile (1910), évoque pour la première fois cette opposition entre caractère extraverti et caractère introverti. 10 ans plus tard, dans Types psychologiques, il proposera sur des concepts nettement plus aboutis. Il semblerait que dans ses recherches, Jung voulut concilier les positions de Freud et celles d'Adler. 

« Chez Adler, écrit Jung en 1928, l'accent porte sur un sujet qui se met en sûreté et qui cherche la suprématie vis-à-vis de n'importe quel objet ; chez Freud, au contraire, l'accent porte entièrement sur les objets qui, suivant leurs propriétés définies, sont favorables ou contraires aux convoitises du sujet. »

Pour simplifier à l'extrême, cet attribut (extraversion ou introversion) décrit l'attitude ou l'orientation "instinctif" d'un individu à considérer les deux pôles en présence dans sa psyché : le monde et soi.
Dans son Types psychologiques, Jung puise abondamment dans la pensée platonicienne pour édifier cette théorie des "tendances psychiques".
Il cite notamment Platon dans ses études morales et politiques :  
"Il y a les gens aux mouvements rapides et violents, qui s'opposent aux personnes réservées et tranquilles. Les premiers se caractérisent par le courage et c'est la partie "irascible" qui prédomine ;  les autres se distinguent par la mesure, la sagesse et la prudence".
C'est donc dans son Types psychologiques que Jung décrira avec précision ces deux attitudes et, en particulier, leurs influences à travers des écrits et des pensées qui ont marqué l'histoire (en aparté, signalons que l'ouvrage fait près de 600 pages, qu'il s'agit bien  d'un essai d'étude et exige attention et, ne le cachons pas, une certaine patience pour être "avalé". Comme à l'accoutumée, on ne saurait évoquer légitimement ces concepts jungiens sans s'être prêter à cet âpre exercice).
 
"L'homéostasie psychique" (dynamique tendant à établir un point d'équilibre de la libido) induit ces attitudes qui peuvent donc évoluer au fil du temps et des circonstances.
Dans le cas où l'individu puise dans l'environnement extérieur, les activités et les expériences, il a une inclinaison extravertie. Dans le cas où il la trouve dans l'univers intérieur des idées, des souvenirs et des émotions, il présente une inclinaison introvertie.
Présenter une inclinaison ne signifie jamais répondre uniquement ou définitivement à cette tendance et, à l'instar des fonctions psychologiques, la dynamique psychique naturelle évolue.
 

Extraversion

Précisons un peu les choses.
La personne extravertie tire son énergie du monde et sa conscience regarde vers l'extérieur parce que c'est toujours de là que vient la détermination importante et décisive (pour lui évidemment, nous endossons le manteau d'extraverti dans ce paragraphe).
 
 Ses forces
N'ayant d'autre prétention que de remplir les conditions objectivement fixées, il est perçu comme sociable et souvent apprécié pour son enthousiasme. Il peut paraître souvent courageux en répondant sans concession à ses objectifs.
 
Risques
 Il y a l'inévitable dispersion, sa parole volubile qui prend le dessus de l'écoute...
Plus profond et sensible est le risque de refoulement du moi; dans sa réponse aux nécessités de l'extérieur, les besoins intérieurs peuvent être négligés.
 

Introverti

Ce dernier tire son énergie de la considération intérieure subjective.
Il se glisse toujours, entre la perception de l'objet (le monde) et sa propre action, une opinion personnelle qui empêche l'action de prendre un caractère correspondant à la donnée objective. Il ne se coupe pas du monde mais communique avec lui par l'intermédiaire de sa perception intérieure.
 
Ses forces
Concentration, écoute, contenu, posé et réservé.
 
Risques
Il ne se sent à l'aise que dans la solitude, face à lui-même. 
Poussé dans ses retranchements, il peut alors bâtir des systèmes autoritaires dans l'insensibilité d'autrui.


Il semble important de prendre en considération ces tendances naturelles de l'homme car, comme beaucoup d'aspects de la psychologie jungienne, elles incitent à un regard plus tolérant, plus ouvert sur l'autre, en particulier sur celui qui nous semble si loin de nous, qui répond à la tendance opposée.

Il n'y a pas de bon ou de mauvais jugement, qu'il soit centré sur le monde ou sur soi, il n'est qu'une réponse à notre nature.
 
Le livre de Jung sur les types psychologiques, qui fera l'objet de plusieurs autres articles, met en évidence ce que ces deux formes d'exploitation d'énergie ont pu produire chez de grands hommes du passé. Nous réalisons alors l'importance et le "rôle" tenus par chaque type.

10 commentaires:

Benoit Mouroux a dit…

Deux manières d'utiliser une énergie.

Comme tu le cites, on peut intérioriser une colère ou la hurler au visage d'autrui...l'émotion initiale est la même pour autant.

Mon cas n'a rien d'intéressant ou d'exceptionnel.

Jean

Anonyme a dit…

En fait l'introverti c'est peut-être juste celui qui pense que l'on est mieux avec soi-même qu'avec les autres.

Psyché

Anonyme a dit…

Extra, Jean sais-tu si les psychothérapeutes sont des gens qui travaillent en groupe je veux dire qu'ils coopèrent entre eux ? en vue bien sûr de l'amélioration de la santé du patient

Psyché

Benoit Mouroux a dit…

Drôle de question...tout dépend de l'éthique du praticien mais la très majorité exerce dans cet "esprit" là bien entendu...

Jean

Anonyme a dit…

Bonjour Jean

Sans voulir offenser qui que ce soit il serait alors légitime de penser que le nouveau thérapeuthe est juste un remake du précédent ?

Psyché

Anonyme a dit…

Et pour compléter, le thérapeute ne serait-il pas l'arbre qui cache la forêt ? toujours dans l'esprit de chercher à comprendre et non à nuire

Psyché

Anonyme a dit…

En fait le thérapeute c'est juste la toile sur laquelle va se projeter le film du patient il suffit que cette toile soit neutre, si elle comporte déjà des images ce sera néfaste

Psyché

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Psyché,

Je ne saisis pas où tu veux en venir...tu parles de thérapies analytiques ?

Jean

Anonyme a dit…

Je parle trop je sais, mais…

Benoit Mouroux a dit…

Ce n'est pas du tout le souci, mais je ne vois pas ce que tu veux soulever.

Jean