Le lien d'amitié entre le physicien Pauli et Jung est connu.
Mais qui connait Wolfgang Pauli ?
Un surdoué des mathématiques, contemporain de Einstein dont il publiera la première synthèse des travaux, collaborant ensuite avec le père de la physique quantique (Heisenberg) et laissant derrière lui plusieurs définitions majeures de la physique des particules.
La rencontre avec Jung fut liée à un mal être persistant de Pauli, hanté par des séries de rêves récurrents et, plus grave, sujet à un alcoolisme qui devenait handicapant au quotidien.
L'analyse engagée conduisit à une amitié entre les deux hommes, qui ne tarira pas au cours des 25 ans d'échange (au-dessous, couverture de l'ouvrage retraçant leur correspondance).
Leur relation et travaux communs sur la synchronicité trouvent une source complémentaire.
En effet, Pauli connut des déboires répétés lors de ses expérimentations avec des machines et les défaillances semblaient se produire systématiquement à son contact. Il nomma même ce phénomène, "effet Pauli".
Cette simple considération le décrédibilisa à l'époque aux yeux de certains de ses collègues, ce qu'il ne comprit et n'accepta pas. Le rapprochement avec Jung, dont l'ouverture d'esprit égalée son extrême rigueur méthodologique, semblait donc des plus naturels.
Il faut noter également le profond intérêt de Jung pour comprendre des aspects délicats et abscons d'une science en voie de développement.
Les deux protagonistes partageaient l'intuition que ce nouveau champs de la science allait ouvrir des perspectives dépassant très largement le cadre des universités.
Jung et Pauli furent tels les deux piliers d'un pont tentant d'établir l'union de la matière et de l'esprit.
Dans un essai de Pauli, on peut trouver ces mots au sujet des archétypes :
"Le processus de compréhension de la Nature, uni au plaisir que l’homme ressent lorsqu’il comprend, cela paraît, du fait de se familiariser à de nouvelles connaissances, reposer sur une correspondance, sur un ajustement ayant un rapport logique entre des images internes préexistantes dans l’âme humaine et les objets extérieurs et son mode de comportement. Cette conception du savoir naturel remonte bien entendu à Platon, et fut aussi pleinement adoptée par Kepler. Ce dernier parle en effet d’idées préexistantes dans le mental divin et imprimées dans l’âme humaine, comme des images provenant de Dieu.
Ces images originelles que l’âme peut percevoir par moyen d’un instinct inné, Kepler les appelle archétypes. Cela concorde dans une grande mesure avec les images ou archétypes primordiaux introduits dans la Psychologie par C. G. Jung, qui fonctionnaient comme patrons instinctifs d’idéation. A ce niveau, le lieu des concepts nets est assumé par des images au contenu fortement émotionnel, qui ne sont pas des pensées mais des représentations picturales, comme si nous disions qu’elles s’offrent aux yeux du mental.
Dans la mesure où ces images sont l’expression de réalités entrevues mais encore inconnues, elles peuvent aussi recevoir le nom de symboliques, selon la définition de symbolique proposée par Jung. En tant qu’agents ordonnateurs et adaptateurs de ce monde d’images symboliques, les archétypes fonctionnent, de fait, comme le pont désiré entre les perceptions sensibles et les idées, et constituent par conséquent une condition préliminaire indispensable pour le surgissement d’une théorie scientifique.”