dimanche 20 septembre 2020

Le moutruche, régulateur de la société...malgré lui.

Peut-être ne connaissez vous pas cet animal chimérique, composé d'une part de mouton et d'une autre d'autruche ?

Il semble pourtant important d'identifier cette créature, plus complexe qu'il n'y paraît, espèce majoritaire de la population, et déterminante du devenir de la société.

 

Magie du cybermonde, le Wiktionnaire nous propose une définition officielle :

Individu qui a les traits de caractère supposés du mouton et de l’autruche, à savoir une docilité extrême et le refus de voir les choses telles qu'elles sont en réalité, notamment en matière de politique et de problèmes sociaux. 

Ethologie* du moutruche.    *étude du comportement dans son milieu naturel

  • Le moutruche a un instinct grégaire aigu. Il suit tout autre moutruche et s'il se sent isolé de ses congénères, il plonge la tête dans le sol.
  • Le moutruche est, naturellement, très méfiant vis à vis d'individu qui présenterait la moindre singularité (au regard de ses congénères) que ce soit dans son attitude, son discours ou son apparence. S'il vous identifie comme tel, vous êtes immédiatement ranger dans une catégorie "nocive" (complotiste, révolutionnaire, hérétique, excentrique, malade mental, etc.).
  • Pour survivre, le moutruche se niche en des lieux où un discours de masse est proposé, en se gardant toujours du moindre esprit critique ou de réflexion de fond.
  • Pourtant, le moutruche peut se sentir, quelque fois, concerné...mais jamais responsable.
  • Apparent paradoxe, les moutruches aime les leaders autoritaires, voire brutaux, tant qu'ils peuvent avoir d'autres moutruches autour et, surtout, devant, eux.
  • La classe dirigeante aime profondément le moutruche et, par cycle coïncidant curieusement avec les périodes de renouvellement de leur mandat, adopte alors les discours propres à éveiller l'esprit grégaire du moutruche.
  • Le moutruche se nourrit d'espoir facile et de bonheur confortable, même sous forme d'illusion grossière, et ne supporte aucun aspect de la réalité qui contrarierait cette quête. S'il est bousculé, le moutruche plonge la tête dans le sol. 
  • Le moutruche peut se trouver dans toutes les couches sociales, tous les niveaux intellectuels, hautement diplômé ou non, rien ne le distingue, de prime abord, d'un non-moutruche.
  • Dénombrer les moutruches est un exercice périlleux car ils se révèlent de nouveaux moutruches à chaque crise, tension sociale, politique, etc.
  • Il paraitrait (Mais attention aux légendes) qu'il existe une sous-espèce rare du moutruche, le mougeon.

Le moutruche dangereux ?

  • Le moutruche isolé est, comme nous l'avons vu, totalement inoffensif et démuni.
  • En meute, il convient que le non-moutruche se tienne docile et, s'il le peut, prenne l'apparence du moutruche. Dans le cas contraire, tout est possible et dépend de l'intensité du sentiment de danger éprouvé par la meute. Un conseil assez fiable est, en cas d'identification comme non-moutruche, de tenter de jouer sur ce qui les effraye et d'en profiter quand leur tête est enfoui.

Moutruche et société.

C'est à l'échelle de la société que le moutruche atteint son seuil critique de nuisance, ou peut être plus précis, que sa forte propension à l'inertie et l'endormissement peut faire perdre toute capacité de choix éclairé.

On ne combat pas le moutruche car il refuse toute confrontation. Sa force réside dans son nombre. 

La vigueur d'une société est totalement proportionnelle à la quantité de moutruches en son sein.

Mutation du moutruche.

Les récentes études montrent qu'il existe une capacité de mutation chez le moutruche, qui peut, dans des cas spécifiques, lui faire perdre une part de son capitale génétique pour devenir un non-moutruche.

Le processus est mystérieux, certains affirment que c'est une question de conscience (notamment lorsqu'il réalise que la tête dans le sol laisse une partie délicate de leur anatomie à la portée de prédateurs).

dimanche 6 septembre 2020

Synchronicité - Illustration par Jean-François Vézina

Une fois n'est pas coutume, poursuivons notre approche de la synchronicité par une illustration "amie". Pour rappel, nous avons commencé par encadrer la notion de synchronicité, puis avons tenté de décrire ses attributs spécifiques

Voyons maintenant comment Jean-Françoise Vézina,aborde ce concept, dans son ouvrage traitant de la synchronicité, Les hasards nécessaires.

 Les 4 piliers constituant la synchronicité

Quatre indices ou repères permettant de distinguer la synchronicité typique :
  1. La coïncidence est de type acausal, c'est-à-dire que le lien entre les événements se fait par le sens.
  2. Cette coïncidence provoque un fort impact émotionnel  chez la personne qui la vit, suggérant une constellation d'images symboliques. Cet impact traduit le caractère numineux de l'expérience, soit le sentiment, pour la per­sonne, d'être interpellée par "autre chose" (l'inconscient).
  3. Cette coïncidence témoigne de transformations de la per­sonne, d'où la valeur symbolique de la synchronicité.
  4. Elle se produit généralement lorsque la personne se trouve dans un entre-deux, dans une situation chaoti­que ou bloquée. Cet état renvoie à la dimension liminale (du latin limen, qui veut dire seuil) de l'expérience.

Faire sens ou trouver un sens

Dans une synchronicité, nous pouvons nous demander si le sens sous-jacent au symbole n'est qu'une création subjec­tive. 
Selon Jung, au niveau de l'inconscient collectif, le Soi qui crée naturellement des symboles produirait du sens.

Le sens, dans une coïncidence significative, proviendrait d'une impulsion venant de l'archétype de la totalité qu'est le Soi. 
C'est comme si, dans une synchronicité, un dialogue s'établissait momentanément entre le «metteur en scène» (le Soi) et le «personnage principal» de l'histoire (le moi). Le moi peut toutefois s'accorder ou refuser de suivre cette impul­sion venant de la totalité. Le moi peut refuser de jouer «son rôle». 
C'est donc la disponibilité du moi devant les impulsions symboliques du Soi qui déterminera la cohérence d'un récit de vie et l'accomplissement de notre mythe personnel
Nous pouvons être tenté de jouer des rôles qui ne font pas partie de notre histoire mais qui sont «à la mode», et développer ainsi une forme de mythomanie symptomatique en nous écartant du sens approprié à notre vie.

Lorsque le sens est perçu, il se fait dans ce lieu intermé­diaire, à mi-chemin entre la réalité objective et la subjecti­vité. Il se perçoit dans cet espace transitionnel où se déploient les symboles, forces unificatrices des contraires. 
Les fleurs symboliques issues du Soi poussent entre le béton de la rationalité et les champs archaïques de l'inconscient. Lorsque notre champ de conscience est entièrement pavé par une rationalité de béton, la fleur, le symbole ou la syn­chronicité sont impossibles à percevoir. D'un autre côté, lorsque notre moi est trop fragile, nous perdons l'organisa­tion du sens qui s'impose à nous et nous risquons d'être submergé par les «végétations primitives» de l'inconscient...