Nous autres médecins sommes sans doute les premiers observateurs conscients de ce processus obscur de la nature. Mais, en règle générale, nous n'assistons qu'à l'épisode pathologique, perturbé, de ce développement et perdons de vue le malade une fois guéri. Cependant, ce n'est qu'après la guérison que nous aurions l'occasion réelle d'étudier le processus normal qui s'étend sur des années et des dizaines d'années.
Si l'on avait quelque connaissance des buts auxquels tend le développement inconscient et si le médecin ne puisait pas précisément ses connaissances psychologiques dans la phase maladive et perturbée, l'impression que laissent dans l'esprit d'un observateur les processus révélés par les rêves serait moins décousue et l'on pourrait reconnaître avec plus de clarté quel est le dessein suprême des symboles.
A mon avis aucun médecin ne devrait perdre de vue que tout procédé psychothérapeutique, et en particulier le procédé analytique, fait irruption dans un ensemble, dans un décours orienté - tantôt en tel endroit, tantôt en tel autre - découvrant chemin faisant certaines phases qui, dans leurs tendances particulières, paraissent être contradictoires.
Chaque analyse ne révèle qu'une partie ou qu'un aspect du phénomène fondamental ; c'est la raison pour laquelle les comparaisons casuistiques* n'engendrent tout d'abord qu'une confusion désespérante. Aussi, est-ce malgré tout volontiers que je me suis cantonné dans des considérations élémentaires et pratiques, car ce n'est qu'au voisinage immédiat de l'empirisme quotidien qu'il est possible d'arriver à un accord à peu près satisfaisant."
C.G. Jung, L'homme à à la découverte de son âme, p270
*Examen à la lumière des principes de la discipline dont il relève.
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