mardi 17 décembre 2013

Le torrent...

"...L'homme de 37 ans, père de deux enfants, comparaît aujourd'hui devant la cour d'assise pour le meurtre et le viol de cette fillette de 8 ans, mais tout de suite, la météo du jour, il va faire frisquet Louis apparemment..."

"...Merci Marie, en effet, ce débat autour de l'euthanasie est loin d'être aisé et suscite beaucoup de réactions, mais n'oubliez pas que durant toute la journée, Jeff de Bruges vous offre des ballotins de Noël, petits veinards..."

Est ce que quelque chose vous choque ?
Il n'y a pourtant pas de raison, apparemment, puisque, à quelques mots près, voici très précisément ce que j'ai entendu ce matin à la radio, RTL, donc de très grande audience, en l'espace de quelques minutes.

Saviez vous qu'à notre époque, un individu normalement "connecté" reçoit, en une seule journée, autant d'informations qu'une personne au 18ème siècle recevait durant toute sa vie ?
Me revient à l'esprit ce terme, inventé par Louis Claude de Saint Martin (voir ici ou ) d'homme de torrent, pour qualifier celui qui se laisse porter par les courants tumultueux et incessants des sollicitations externes, souvent sociétales, entretenant l'individu dans une appétence matérielle toujours renouvelée, jamais assouvie...la société que j'ai entraperçu ce matin, nourrit jusqu'à écœurement l'homme de torrent.

Je me suis rappelé, ce matin, cette défiance terrible que nourrissait Jung pour le collectif qui broie l'individu ou, pire, empêche son plein développement...

Mais, si jamais l'homme s'arrête un instant, accepte de contempler le torrent qui l'entraîne et, surtout,  ne tente pas de lutter contre, probablement entendra t'il ce petit murmure, ce souffle, spiritus, venant de l'intérieur, tuant soudain les désirs pour ne laisser la place qu'au Désir (encore une jolie expression de Saint Martin que cet homme de Désir).

6 commentaires:

Unknown a dit…

Joli texte ! de la part d'un humble amateur de Carl G. Jung.
L'homme collectif, l'homme de masse s'oppose plus que jamais à l'être solitaire qui a vu luire en lui le lumignon divin.

Merci et bonne continuation

Benoit Mouroux a dit…

Merci pour ton appréciation Desmond.

Jean

Anonyme a dit…

Cela fait longtemps déjà que certains journalistes (à la télé) me choquent en passant des pires catastrophes au football (par exemple) sur le même ton et sans transition!
Que devient l'humain dans notre société de l'argent, de la vitesse, de la surconsommation, du "remplissage" (il n'y a jamais de plage de silence) ? Sue devient l'authentique, le véritable, l'essentiel ? Il est renvoyé on ne sait où, effacé, perdu, pire : dissimulé, refusé!
En tout cas, les journalistes seraient bien inspirés de s'écouter de temps en temps... Peut-être prendraient-ils conscience du fait qu'ils sont un peu comme des robots... Mais ce ne sont pas les seuls! Dans les grandes agglomérations, regardez autour de vous...

Ariaga a dit…

Je trouve ton texte seulement aujourd'hui car je m'étais un peu éloignée de l'ordinateur. Je suis émerveillée que, dans les moments de grands changements que tu vis tu arrives encore à réfléchir de si belle manière ! Je crois comme toi que nous sommes noyés par l'information et que les événements important perdent leur signification. Je ne peux m'empêcher de penser au "caquetage mental" dont parlait Krishnamurti. Amicales bises.

Ariaga a dit…

Où est passé mon commentaire ? tu ne l'as quand même pas mis dans un carton ! Amicales bises.

Benoit Mouroux a dit…

Bonjour Ariaga,

Ton gentil commentaire est juste au dessus de ce dernier...tout de moins, c'est ainsi qu'il apparaît chez moi ???

J'en profite pour te souhaiter un bon réveillon;
Bises
Jean